Bio, HVE, nature, biodynamie et plus si affinités… Il n’est pas difficile de se noyer devant tous ces labels apposés sur les bouteilles de vin. Avouez-le, toutes ces mentions sont un peu floues, voire un véritable jeu de poker.
Ces labels sont censés nous aider dans notre choix avec des vins plus respectueux pour nous et pour l’environnement (végétal, animal, humain…). Mais quelle est leur véritable valeur et que veulent-ils dire ?
Les vins végétaliens
Ici, nous sortons un petit peu du sujet des vins respectueux de l’environnement. En effet, un vin vegan n’est pas nécessairement meilleur pour la planète. Il s’agit par contre d’un vin qui ne contient pas de produits d’origine animale ! Alors pourquoi ces vins sont-ils cités dans cet article ? On y vient…
Dans la pratique, un vin vegan répond à une nécessité de ne pas trouver de produits d’origine animale. Dans les faits, cela signifie que le vin n’a pas été collé, c’est-à-dire « clarifié » par des méthodes traditionnelles. Généralement, le vigneron peut « nettoyer » son vin pour lui donner plus de limpidité grâce à du blanc d’œuf ou de la colle de poisson par exemple. Cela rend donc le vin impropre à la consommation pour nos amis vegans.
Le vigneron peut recourir à une alternative végétale pour coller son vin avec de la « colle » de pois cassés par exemple. Il peut aussi décider de ne simplement pas coller son vin.
En bref, un vin vegan c’est…
Quatre organismes délivrent un label vegan pour le vin :
- The Vegan Society, avec la Vegan Trademark (le logo au tournesol).
- l’Associazione Vegetariana Italiana, qui possède son propre label : Qualità Vegetariana Vegan®
- Expertise Vegan Europe, qui a créé le label EVE Vegan échelonné sur quatre niveaux, et qui certifie également les produits issus de l’agriculture bio-végétalienne via le Standard Biocyclique Végétalien.
- l’Association Végétarienne de France (AVF) qui distribue le Label V, fruit d’un consensus entre de nombreuses associations en Europe.
Revenons à nos moutons : Pourquoi ces labels apparaissent dans cette liste ? Tout simplement parce que leurs logos peuvent porter à confusion. Ils sont de couleur verte ou jaune et réprésentent bien souvent une fleur ou une plante. Il n’est pas difficile de se méprendre et penser que ces certifications répondent à des problématiques écologiques, mais ce n’est pas le cas !
Les vins HVE
Ces trois lettres ne vous disent peut-être pas grand-chose, mais elles certifient la Haute Valeur Environnementale de l’exploitation. On ne parle pas ici du vin, mais de la qualité environnementale de l’écosystème où il est produit. Soucieux de l’environnement, le vigneron doit être attentif à la biodiversité, adapte son utilisation de fertilisants et pesticides et enfin optimise son utilisation d’eau.
L’agriculture raisonnée cherche à utiliser le plus possible les solutions naturelles. Le vigneron ne traite ses vignes contre certaines maladies que lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions pour sauver la récolte. Il s’agit finalement d’un usage « intelligent » des pesticides, particulièrement dans les régions viticoles où le climat rend la conversion en bio plus difficile.
Rappelons que l’association Terra Vitis met l’accent depuis 1998 sur les trois piliers du développement durable : l’environnement, le social et l’économie. Regroupant six associations régionales (Vallée de la Loire, Alsace, Champagne, Beaujolais/Bourgogne, Languedoc-Roussillon/Vallée du Rhône, Bordeaux/Sud-Ouest), les vignerons adhérents se donnent pour mission de devenir des exemples de responsabilité sociétale sur leurs exploitations.
En bref, un vin HVE c’est…
- Logo orange ou noir représentant une exploitation entourée de champs, un soleil couchant et un papillon qui s’envole
- Logo Terra Vitis
- Une viticulture plus respectueuse de l’environnemental et ajustable si nécessaire
- Aucune règle spécifique concernant la viniculture
Les vins biologiques
Vous connaissez certainement ce logo. Le label bio représente une feuille étoilée sur font vert souvent associée en France aux lettres AB. Cela signifie que le viticulteur a fait le choix de cultiver ses raisins sans produits chimiques ni OGM. Le plus gros du travail se fait à la vigne.
Pour la vinification, la réalité est un peu différente. La liste des produits autorisés reste assez proche des vins conventionnels. L’ajout de tanins, de soufre ou de levure est autorisé. Un vin bio peut atteindre 100 mg/l de sulfites contre 160 pour les vins conventionnels.
Comme dans tout, le vin bio n’est pas nécessairement meilleur ou plus mauvais qu’un autre. Certains sont de véritables pépites à dénicher quand d’autres valent le pire des vins conventionnels… Le véritable débat qui se joue sur le vin bio est le taux de sulfites autorisé, trop élevé pour les puristes. Quoi que l’on puisse en dire ou lire; il n’existe pas d’allergie aux sulfites. Cependant, vous pouvez être victime d’une intolérance aux sulfites lorsque vous avez des problèmes respiratoires ! Pour mieux comprendre ce sujet, je vous invite à lire l’article « Pourquoi y a-t-il des sulfites dans le vin, sont-ils dangereux ? »
Sa mention est obligatoire sur les étiquettes, sous les noms soufre, SO2, dioxyde de soufre ou encore sulfites.
En bref, un vin bio c’est…
- Logo vert avec une feuille étoilée blanche et les lettres AB
- Ajout de sulfites autorisé et décrié,
- Jusqu’à 35 intrants autorisés sans mention sur l’étiquette (produit qu’on ajoute lors de la vinification).
Les vins biologiques plus exigeants
En réponse au label de l’UE que certains jugent trop laxiste, quelques certifications bio privées ont vu le jour. On retrouve notamment Nature et Progrès, qui se définit comme un mouvement citoyen, et Bio Cohérence, fondé par Biocoop. Leur cahier des charges est plus strict que le référentiel européen. Par exemple, dans le cas de Nature et Progrès :
- 100% du domaine doit être en bio.
- Les vignes et l’exploitation doivent être localisées hors des zones exposées aux pollutions industrielles et issues de l’agriculture et de l’élevage intensifs. Les grands axes routiers doivent être éloignés de plus de 500 mètres.
- Certains sous-produits d’abattoirs (poudres d’os et de sang, farine de viande) sont interdits pour la fertilisation des sols.
- Comme signalé dans l’article qui explique la distinction entre un vin bio et un vin végétalien, la gélatine et la colle de poisson sont interdits lors du collage, ce qui rend ces vins à minima végétariens.
- Les adhérents s’engagent en faveurs des circuits courts, des conditions de travail décentes, et des exploitations à taille humaine.
Les vins biodynamiques
Plus respectueux encore de la logique écologique, certains viticulteurs se sont inscrits dans la mouvance biodynamique, insufflée dans les années 1920. Rudolf Steiner est un philosophe autrichien qui préconisait de ne pas utiliser d’engrais chimiques et de pesticides. L’objectif est de réduire la présence d’intrants, et aucun d’entre eux ne doit être chimique.
Les vignerons biodynamiques essaient de maintenir l’équilibre entre la plante et son environnement en préservant la vie du sol. Pour cela, ils préparent des « traitements homéopathiques » de plantes qu’ils infusent, dynamisent ou font macérer afin d’aider la vigne à se renforcer et à mieux se développer. Ils utilisent aussi le calendrier lunaire afin que la plante, le sol et les influences lunaires se combinent au mieux.
En bref, un vin biodynamique c’est…
Nous retrouvons deux labels permettant d’identifier un vin biodynamique.
- Demeter est le label le plus connu. En plus des pratiques imposées pour la culture de la vigne, il possède également un cahier des charges précis pour la vinification, beaucoup plus strict que les autres labels. Il interdit notamment deux fois plus de produits qu’en bio, dont la gélatine de porc et la colle de poisson.
- Biodyvin est un label délivré par le Syndicat International des Vignerons en Culture Bio-Dynamique (SIVCBD). Ce label ne concerne que le vin, mais s’intéresse surtout à la production des raisins. Le cahier des charges vinification, même s’il encourage à ne pas utiliser de produits œnologiques, ne comprend pas d’interdiction stricte du moment que le vigneron est en mesure de justifier ses choix.
Les vins naturels, vivants, S.A.I.N.S
Les vignerons produisant du vin naturel poussent la démarche beaucoup plus loin, puisqu’en plus d’être en bio ou biodynamie, ils s’interdisent tout intrant à part éventuellement un peu de soufre à des doses homéopathiques. Leur but est de manipuler le vin le moins possible et de laisser faire la nature – d’où leur nom ! –. Les vins ne sont notamment pas collés et sont donc végétaliens.
Il n’existe cependant pas de définition officielle et de certification pour les vins naturels. Le terme peut donc malheureusement être employé de manière abusive. Les adhérents à l’Association des Vins Naturels (AVN) et aux vins Sans Aucun Intrant Ni Sulfite (S.A.I.N.S) s’engagent à respecter un cahier des charges, mais ça ne concerne que quelques dizaines de vignerons.
En bref, un vin naturel c’est…
- Logo AVN sur fond violet
- Pas le logo pour les vins S.A.I.N.S, mais une application « Raisin » pour scanner votre bouteille
Attention à ne pas vous faire marketer… Le mot naturel sur une bouteille de vin ne vous garantit aucunement que s’en est réellement un ! Mieux vaut utiliser l’application Raisin !
Les autres logos du vin pèle-mêle
Vous en avez pris de la bouteille ? Je pense que vous êtes désormais un véritable professionnel dans le décryptage de label de pinard !
Toutefois, vous devez savoir que de nombreux vignerons n’affichent pas un logo sur leurs bouteilles, sans pour autant faire de vins conventionnels ! Pour être sûr de votre achat, il n’y a qu’une solution : en discuter avec votre caviste où le vigneron lui-même avec un verre.
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