De plus en plus de personnes cherchent et achètent du vin bio, mais on peut se demander si un vin bio l’est vraiment. Beaux-Vins vous dit tout sur le sujet…

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Il y a des thèmes dont j’aime bien parler. Le Beaujolais en fait partie et vous l’aurez certainement déjà remarqué, mais le vin bio est aussi un sujet que je trouve passionnant. Le vigneron, poussé par une philosophie biologique, est prêt à faire de gros efforts — investir du temps, de l’argent et prendre des risques — pour que son vin soit meilleur pour le consommateur, mais aussi pour la nature et les générations futures. Bref, on ne peut que le féliciter d’une telle démarche. Mais une question peut vite nous venir à l’esprit : le vin bio peut-il vraiment l’être totalement ?

La consommation de vin bio en France

Il faut noter que la France est le deuxième producteur mondial de vin bio derrière l’Espagne, mais occupe la première place en terme de marché du vin bio. Une performance que de nombreux autres pays européens nous envient. Un Français sur trois consomme du vin bio régulièrement et ils sont prêts à payer plus cher pour le respect de l’environnement.

Mais ce qui est le plus important réside dans le marché du vin en France. En effet, le vin bio représente 10 % des ventes de produits bios en France !

Où le consommateur achète-t-il son vin bio ?

La grande majorité des gens achètent leur vin en grande surface. Pourtant, concernant le bio la tendance est bien différente — et ça surprend —. Entre 2007 et 2012, les ventes de vin bio ont connu une croissance de 66 % pour atteindre 413 M€. On aurait pu imaginer que les grandes surfaces se taillent la plus grande part du gâteau, mais elles ne représentent que 20 % des ventes.

En réalité, ce sont les producteurs eux-mêmes qui vendent leur production aux consommateurs (36 %). Viennent ensuite les magasins spécialisés en bio qui en vendent 27 %, puis les grandes surfaces (19 %) et enfin les cavistes qui progressent de plus en plus pour atteindre 17 %.

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Revenons à notre question

Nous avons vu que les consommateurs sont prêts à se déplacer chez le vigneron et payer plus cher pour soutenir cette philosophie écologique. Lorsque l’on parle de vin bio, on s’imagine des vins ne contenant aucun pesticide — et c’est bien normal puisque c’est son but —. Mais est-ce vraiment le cas ?

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L’association anti-pesticides Générations Futures publie des expertises sur la présence de pesticides dans les aliments. Chaque fois, les produits issus de l’agriculture biologique s’en sortent toujours beaucoup mieux que les produits conventionnels. La raison est assez simple, le principal pesticide utilisé dans la filière bio, le cuivre, n’est jamais une substance recherchée. Ainsi, en lisant simplement le rapport des recherches on peut se dire que le produit est bel et bien bio.

Agriculture et Environnement a donc voulu vérifier la véracité de ces recherches en collaboration avec Wikiagri. En 2015, vingt-neuf échantillons de vins bio provenant de toutes les régions de France et achetés dans un magasin spécialisé, ainsi que dans plusieurs grandes surfaces de la région parisienne, ont ainsi été confiés à trois laboratoires indépendants (Girpa, Eurofins et Dubernet), afin qu’ils analysent la présence de cuivre.

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La réglementation actuelle autorise la présence de 1 mg de cuivre par litre de vin. Le laboratoire Eurofins a détecté des résidus quantifiables dans 31 % des échantillons avec une quantification de 0,1 mg/l. Le laboratoire Dubernet a détecté du cuivre dans 27 des 29 échantillons avec un seuil de 0,02 mg/l — c’est déjà énorme, mais ce n’est pas fini —. Le laboratoire Girpa met en évidence la présence de résidus de cuivre dans 100 % des échantillons avec un seuil de 0,01 mg/l !

Ce qu’il faut en comprendre

Un vin bio exempt de pesticides ou de cuivre n’existe tout bonnement pas pour plusieurs raisons : ce peut être le voisin qui est en viticulture traditionnelle et les pesticides se retrouvent dans les parcelles voisines, le sol et les eaux qui sont saturées de pesticide, ou tout simplement un taux de cuivre permissif.

En faisant une étude plus poussée que celle utilisée normalement pour les pesticides de synthèse, on retrouve des résidus du principal fongicide employé en bio dans la totalité des échantillons. Les résidus de cuivre sont donc bien plus présents dans les vins bio que ne le sont les pesticides de synthèse dans les denrées issues de l’agriculture conventionnelle. Et mieux encore, il n’y a pas de différence de quantités entre le cuivre détecté dans les vins bio, et ce que l’on peut trouver en termes de produits phytosanitaires de synthèse dans les produits issus de l’agriculture conventionnelle.

Est-ce vraiment une mauvaise chose ?

Ce taux représente environ la quantité de résidus de pesticides qu’on trouverait dans plus de 1’000 l d’eau contenant 0,5 g/l de résidus de pesticides — pour info, c’est la norme européenne de potabilité pour l’ensemble des pesticides dans l’eau —. Ceci équivaut à environ trois années de consommation d’eau à raison d’un litre par jour !

L’exposition chronique au cuivre est tout de même considérée comme une cause probable de l’apparition de maladies neurodégénératives comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. — ce n’est donc pas vraiment anodin —

Il faut bien conclure

Ce constat alarmiste est tout de même à nuancer. Les quantités retrouvées dans les échantillons de vins bio analysés se situent bien en dessous des limites sanitaires. Il faudrait boire près de 60 litres de vin bio par jour pour atteindre la dose journalière admissible. Le vin bio reste un engagement de qualité et de préservation de l’environnement qu’il faut soutenir. Le système ne sera jamais parfait, mais évolue tout de même dans le bon sens.

Jean-Nicolas Mouretin
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