Il était une fois un viticulteur d’Anjou à la barbe saillante et aux cheveux longs. Un beau matin, il troqua son tracteur contre un cheval de trait. Fervent défenseur de l’agriculture raisonnée, il abandonna les produits chimiques vraiment pas bons. En contradiction avec l’AOC Anjou, il s’insurgea contre elle en lui claquant la porte au clapet. Provocateur comme il faut, il appela l’un de ses vins de table « Anjou Olivier Cousin » et fit un carton !

Une belle comptine me direz-vous ?

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Olivier Cousin

La raison de sa sortie des rangs de l’appellation Anjou date de 2005, l’AOC autorise l’ajout de sucre et d’acide — chaptalisation, acidification —, même pour les millésimes bénéficiant d’un climat favorable.

Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là. Le fameux vin « Anjou Olivier Cousin » — NDLR l’acronyme donne AOC — mentionnait aussi « fabriqué à Anjou » et un deuxième vin portait le nom de « Pur Breton » — nom d’origine du cépage Cabernet Franc —. Le Léviathan nommé Fédération Viticole, décide de contrôler sa production et la décision est prise d’interdire la mention « Vin Naturel » à ce vigneron biodynamiste qui est poursuivi pour « Pratique commerciale trompeuse » et d’autres délits du même tonneau.

En 2011, suite à une première condamnation sans peine par le Tribunal d’Angers, le viticulteur décide de changer le nom de son vin et le rebaptise « Maison Olivier Cousin ».

L’histoire sans fin judiciaire

Je me souviens qu’on m’ait dit un jour « Le principe même de la provocation est super simple : quand tu y réponds, tu donnes de la visibilité au provocateur et en plus tu as toutes tes chances pour sombrer dans le ridicule. Tu ne réponds pas et ton orgueil en prend un coup, mais le temps qui efface tout joue en ta faveur. » C’est en somme le dicton « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe ».

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Le procureur de la République jouant son rôle — avec zèle — fit appel de la décision du tribunal par le principe simple et mécanique du: s’il y a contrevenant, il y a contravention et donc peine. On ne peut pas le blâmer, c’est son job. Mais la où mon paragraphe précédant prend tout son sens, c’est que la Fédération Viticole et l’INAO plutôt que d’ensevelir cette affaire pour fouetter d’autres chats, se sont portés parti civil en appel.

Les Leviathans se couvrent de ridicule pour de bon

L’histoire a une fin ?

Le 22 septembre 2015, la Cours d’Appel d’Angers a infirmé le jugement en première instance et reconnaît Olivier Cousin coupable sans condamnation. Le juge a reconnu coupable notre brave vigneron d’avoir usurpé l’appellation et de vente de boissons sans mentions ni étiquetages conformes, et en retenant aussi le délit de pratique commerciale trompeuse pour lequel il avait été relaxé.

Les Léviathans se sont rendu compte qu’ils étaient ridicules et ont donc commenté le jugement par ces mots « C’est une décision satisfaisante, car la tromperie est reconnue. Le but n’était pas de punir Monsieur Cousin et la dispense de peine ne nous pose pas de difficulté ».

Olivier Cousin est satisfait de ce jugement « Il fallait mettre le pied dans la porte à un moment. Je suis content de l’avoir fait, en espérant que cela permette à d’autres de s’affranchir des appellations et de faire les vins qui leur conviennent ».

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Est-ce enfin la fin de l’histoire sans fin ? Je n’en suis pas si sûr…

Jean-Nicolas Mouretin

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