Le 1er Avril, je vous présentais un article intitulé « Le retour du vin dans les cantines scolaires ». Bien entendu, c’était un énorme poisson d’avril. Pourtant, de nombreuses informations étaient véridiques. Il est donc temps de mettre en lumière l’information de l’intox. Si vous n’avez pas encore lu l’article, je vous invite à la lire dès maintenant en cliquant ici.
Le vin au menu des cantines dans les années 1950
Pour un article publié le 1er avril, on peut vite s’imaginer que cette information est complètement bidon. Qui pourrait aujourd’hui croire que du vin était distribué dans les cantines scolaires dans les années 1950 ? Et pourtant, cette partie est totalement véridique.
Vin, bière ou cidre, les enfants avaient chacun droit à 1/2 litre. À l’époque, on croyait que l’alcool permettait de lutter contre les microbes. Le plus fou est que cette exigence venait des parents : cette coutume était tellement dans les mœurs que lorsque l’état interdit l’alcool à l‘école pour lutter contre l’alcoolisme infantile, certains parents faisaient boire leurs enfants au petit déjeuner, avant de s’y rendre ! Pour être sûr d’une telle information, rien de mieux qu’une vidéo de l’Institut national de l’audiovisuel :
Dans un rapport de mars 1956, le comité consultatif national d’hygiène scolaire et universitaire estime que l’expérience réalisée à Montgeron, où l’interdiction de l’alcool pour les enfants de moins de 14 ans a été testée dans un internat, bien que « très spectaculaire et probante », « ne saurait dans les conditions présentes être étendue à toute la France ». Ce test ne représente qu’un « but vers lequel il faut tendre ». Le même rapport justifie enfin cette grande prudence par « la psychologie particulière qui existe dans certaines régions viticoles ».
En novembre 1954, Pierre Mendès France, alors chef du gouvernement, crée le Haut Comité d’étude et d’information sur l’alcoolisme. Mais c’est surtout « le verre de lait de Mendès France » qui a marqué la mémoire collective. Pour « être studieux, forts et vigoureux, buvez du lait ! » clame alors le président du Conseil. Il décrète la distribution d’un verre de lait et d’un morceau de sucre à l’heure de la récréation dans toutes les écoles.
« Il a été pourtant accusé par ses détracteurs d’électoralisme. Beaucoup ont vu dans cette mesure un cadeau fait aux producteurs de lait, car Mendès était élu en Normandie… », rappelle Bernard Craplet, docteur délégué à l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie.
Ce n’est qu’en septembre 1981 que l’alcool est enfin interdit dans les lycées français, peu de temps après l’élection de François Mitterand. Selon la circulaire du 3 septembre, « l’eau est la seule boisson hygiénique recommandable à table ». « Dans les cantines et les restaurants scolaires, il n’est servi aucune boisson alcoolisée, même coupée d’eau », précise le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Alain Savary, en réponse à une question du député d’opposition Antoine Gissinger sur sa politique de lutte contre l’alcoolisme chez les jeunes.
Le débat de retour en politique
Encore une fois, cette information publiée un 1er avril peut surprendre. Pourtant, elle n’est pas si loin de la réalité. Ce n’est pas en France que l’apprentissage du vin refait surface, mais en Italie. En effet, une proposition de loi a été déposée au parlement italien pour enseigner « l’histoire et la civilisation du vin » aux enfants âgés de 6 à de 15 ans à raison d’une heure de cours hebdomadaire.
Déposée par le sénateur Dario Stéfano, du parti Gauche, Écologie et Liberté, la proposition de loi date du 24 mars dernier. Son objectif n’est bien sûr par de faire boire un verre de rouge aux enfants, mais les sensibiliser à la culture du vin et les initier à sa préservation. « Il a été démontré que la connaissance du vin crée des buveurs responsables. Mais il s’agit juste d’un sujet supplémentaire qui permettra d’enrichir l’éducation de nos élèves. Nous faisons bien étudier la musique aux enfants à l’école sans attendre d’eux qu’ils deviennent musiciens », explique Dario Stéfano au journal Il Fatto Quotidiano. — pour ceux qui maîtrisent la langue italienne —
Sa proposition de loi est soutenue par Attilio Scienza, professeur à l’Université catholique du Sacré-Coeur. « La perte d’habitude de boire en famille conduit les jeunes garçons de 15 ans en dehors de tout cadre. L’éducation permet de rappeler que le vin est un élément de la culture méditerranéenne, nous devons communiquer l’idée que le vin est un élément fondamental des peuples méditerranéens. Boire ne devrait pas être une satisfaction physique, mais culturelle et pour cela il faut découvrir l’histoire derrière le vin. Transmettre cette culture aux jeunes à l’école est une première étape dans un processus qui doit être développé ».
Qu’en est-il en France ?
Le débat a bien refait surface en France en 2006, mais ce n’est pas le député Jean-Frédéric Poisson qui proposait d’instaurer des cours sur le vin. Selon Philippe-Armand Martin (Marne) et Gérard Voisin (Saône-et-Loire), « l’apprentissage d’une bonne hygiène de vie commence dès l’enfance et l’école primaire. » L’objectif clairement annoncé : que le vin, dont la consommation stagne, reparte « à la conquête des Français ».
Enfin, les propos tenus par Denis Saverot, rédacteur en chef de la Revue du Vin de France sont vrais. Seulement, ils ne sont pas liés au retour du vin dans les cantines scolaires françaises — et n’étaient pas tenus au micro de BFM —. Pour rappel, Denis Saverot exprimait un lien de cause à effet entre la lutte contre l’alcoolisme, la chute de la consommation de vin et l’explosion de celle des tranquillisants :
« Officiellement, il s’agit de lutte contre l’alcoolisme. Le résultat, c’est l’explosion des ventes d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, dont notre pays est devenu le premier client européen. »
1er Avril – Il faut bien conclure
Je ne souhaitais pas vous faire un énorme poisson d’avril sans aucun fondement. Au contraire, mon objectif était de vous faire réfléchir sur l’intérêt de l’enseignement du vin pour développer chez les jeunes une culture de la consommation responsable.
Jean-Nicolas Mouretin
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