S’il y a bien une chose qui colle à la peau des États-Unis, c’est bien le libéralisme démesuré. Depuis vendredi 13 mai 2016, New York City a démontré qu’on pouvait encore aller plus loin dans le domaine. Au nom de la lutte contre la discrimination liée au sexe, la Commission des droits de l’Homme de la ville de New York vient de prendre une décision — très dangereuse — : ne pas servir un verre de vin à une femme enceinte est une violation des droits humains.
A New York, refuser de servir un verre de vin à une femme enceinte est illégal
Pour les superstitieux, le vendredi 13 est un jour symbole de malchance. Ce vendredi 13 mai, les femmes enceintes new-yorkaises ont été — mal — chanceuses. Dorénavant, leur refuser un verre d’alcool est illégal. Selon Bill de Blasio et sa mairie, à l’origine de cette nouvelle directive » les discriminations liées à la grossesse sont une forme de discrimination basée sur le sexe ». Pour respecter les droits de l’Homme, les serveurs sont maintenant obligés d’accepter de servir des boissons alcoolisées aux femmes enceintes.
Un établissement qui refuse de servir de l’alcool à une femme enceinte est dès à présent considéré comme une « violation » au regard de la loi new-yorkaise. Bien que la consommation d’alcool chez les femmes enceintes est réprimée par les autorités de santé publique aux USA, cette nouvelle loi se veut égalitaire et un moyen de lutte contre les préjugés… Selon le texte :
« … les jugements et les stéréotypes sur la façon dont les femmes enceintes doivent se comporter, leur capacité physique et ce qui est bon ou pas pour un fœtus sont très fréquents dans notre société, et ne peuvent pas être utilisés comme prétextes pour prendre des décisions discriminatoires illégales. »
Les dangers de l’abus d’alcool chez la femme enceinte… même à New York
Désormais, les établissements vendant de l’alcool ne peuvent plus refuser de vendre de l’alcool aux femmes enceintes. Heureusement, ils sont encore en droit de mettre en garde les futures mères contre la consommation d’alcool pour le fœtus. Les bars et restaurants sont obligés de mettre des panneaux pour prévenir des dangers de la consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse.
Aux États-Unis, le débat sur la consommation d’alcool pendant la grossesse fait rage et divise le pays. Heureusement, tous les états ne sont pas allés aussi loin que New York sur la grossesse et la consommation des substances toxiques — dont l’alcool —. Le site ProPublica propose une carte interactive qui nous rappelle que 18 états américains assimilent toujours la prise de certaines substances pendant une grossesse à de la maltraitance infantile pour le futur enfant. En 2003, un tribunal de New York avait déjà déclaré que la loi sur la mise en danger d’enfants ne s’appliquait pas aux femmes enceintes.
Nous connaissons pourtant les conséquences dramatiques de l’alcool chez la femme enceinte, comme le « syndrome d’alcoolisme fœtal ou encore les complications liées à la prématurité », dont l’augmentation alarmante est soulignée par l’Organisation mondiale de la santé. Une Américaine enceinte sur 10 reconnait ainsi avoir bu de l’alcool dans les 30 derniers jours, selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Un tel bilan devrait inciter les états à prendre des mesures plus restrictives ou à faire plus de prévention.
Aux États-Unis, les recommandations officielles sur l’alcoolisme chez la femme enceinte sont pourtant claires : l’Académie américaine de pédiatrie a publié un communiqué recommandant une abstention totale de la consommation d’alcool pendant la grossesse. Pourtant, plusieurs études montrent que la consommation occasionnelle d’alcool n’est pas dangereuse.
En France, le bilan fait peur
On peut se moquer des Américains, mais il ne faut pas se voiler la face : la France n’est pas exemplaire. En France, une femme sur quatre continue à boire tous les jours pendant sa grossesse. Un peu moins d’un tiers des femmes enceintes s’autorise un verre de temps en temps. Le Syndrome d’Alcoolisation fœtale (SAF) touche ainsi 8000 bébés par an en France, soit 1 % des naissances. Les conséquences de l’exposition à l’alcool avant la naissance sont dramatiques. Les enfants atteints de souffrent d’un retard physique et mental important.
L’académie de médecine aimerait faire de l’alcoolisation fœtale une grande cause nationale avec pour slogan : « Tolérance zéro alcool pendant la grossesse ». La mesure lancée en 2006, consistant à afficher un pictogramme, représentant une femme enceinte, un verre à la main dans un cercle barré, est selon eux « insuffisamment efficace ». « Son inscription est si petite et si difficile à lire que cela confine souvent à un véritable détournement de cette disposition », déplorent-ils. Ils suggèrent donc de reconsidérer le logo dans sa taille, son symbole, son positionnement et sa lisibilité.
Il faut bien conclure
En tant qu’amoureux du vin, je ne peux que vous inciter à adopter les bons réflexes face aux dangers de l’alcool aussi et surtout lorsque vous êtes enceinte — même lorsque vous cherchez à en avoir un — . L’alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental chez l’enfant.
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