Ce lundi, le premier appel à projets international privé, doté de 600’000 €, de la Maison Hennessy a été remporté par une équipe rapprochant l’Inra et de Bordeaux Sciences Agro.
Il existe différentes formes de maladies, dont la principale est actuellement l’esca — aussi appelée apoplexie de la vigne —. Cette maladie étouffe les ceps de vignes et frappe l’ensemble du vignoble français et principalement en Charente où le cognac Hennessy est produit.
Maison Hennessy veut lutter contre l’apoplexie de la vigne
Dès le début de l’automne et en été, le cep contaminé par l’esca présente des feuilles avec des plaques jaunâtres ou rougeâtres sur les espaces internervaires. Suite à cela, les feuilles peuvent se dessécher peu à peu et mourir prématurément, entraînant un mauvais grossissement du fruit, une mauvaise maturation et un mauvais aoûtement des rameaux sur leur extrémité. À ce jour, aucun produit phytosanitaire n’a montré d’efficacité dans la lutte contre l’Esca et certains ceps doivent être arrachés puis brûlés.
D’après le PDG de Hennessy, Bernard Peillon, « La Maison brûle ». Ce sont les mots utilisés lors de l’annonce de la collaboration de l’entreprise avec l’équipe du Pr Patrice Rey pour les trois prochaines années. Le professeur va piloter l’unité mixte de recherche « Santé et Agroécologie de la vigne » de l’Institut National de Recherche Agronomique (Inra) et de Bordeaux Sciences Agro.
Le problème n’est pas que français ni européen, mais bien international. Les maladies du bois frappent partout, aussi cet appel à projets a reçu 23 propositions de 13 pays différents dont les candidatures ont été évaluées par la direction du Maître assembleur de la maison, Yann Fillioux. Le projet piloté par Patrice Rey, qui s’intéresse à l’influence des facteurs environnementaux et des pratiques culturales, a noué des collaborations avec des unités de recherche d’Autriche, du Chili, de Hongrie, d’Italie, d’Israël, d’Afrique du Sud et de Californie.
Un « manque à produire » de 2,1 à 3,4 Mhl pour la viticulture française
Les manifestations de la maladie ne sont pas rapides puisque les premiers symptômes sont visibles au mieux au bout de 7 ans, mais bien souvent ils sont visibles après 15 ou 20 ans. « Il est alors trop tard », indique M. Rey et l’arrachage est alors obligatoire. M. Rey va mener ses recherches pour adapter les pratiques culturales — notamment la taille de la vigne — pour lutter contre la maladie. « On veut partir de la plante, étudier les souches de résistance, regarder et comprendre » pour avoir une « vision systémique et globale » et combiner les solutions pour lutter efficacement contre ce mal. « On a besoin d’y voir clair », insiste Patrice Rey.
En 2014, les pertes liées aux maladies du bois sont estimées à un « manque à produire » de 2,1 à 3,4 millions d’hectolitres pour la viticulture française, soit 900 millions à un milliard d’euros. La recherche publique est fortement mobilisée depuis la fin des années 2000 contre cette menace, qui évoque celle du phylloxera, un puceron qui avait ravagé les vignes du monde entier à la fin du XIXe siècle.
En 2015, Florence Fontaine présentait un état des lieux inquiétant de la prolifération des maladies du bois en France. Dans le Beaujolais près de 9 % du vignoble était touché, 6 % du Chardonnay dans l’Yonne et jusqu’à 45 % des cépages Trousseau et Savagnin dans le Jura. Les maladies du bois de la vigne ont rendu 13 % du vignoble français improductif.
— Vous avez la vidéo de présentation complète en dessous —
Jean-Nicolas Mouretin
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