Vous êtes un grand fan des vins californiens et Redwood Creek ou Gallo Winery n’a plus de secret pour vous ? Alors vous avez de grandes chances que vous vous mettiez de plus en plus à parler de chimie et d’autisme lors de vos dégustations plutôt que d’analyse visuelle, olfactive et gustative. Le glyphosate va très certainement devenir pour les prochains jours votre sujet de conversation favori.
Qu’est-ce que le glyphosate ?
Le glyphosate est un désherbant très puissant que l’on retrouve par exemple dans le Roundup de chez Monsanto. Pour certains agriculteurs, impossible de s’en passer, tandis que d’autres veulent tout simplement l’interdire dans l’Union Européenne.
Le sulfatant est connu pour être un facteur d’écotoxicité, mais pas que… — sinon, c’est trop simple — De fortes présomptions pèsent sur le glyphosate et son effet cancérigène et perturbateur endocrinien. Malgré ces risques, il est devenu le pesticide le plus utilisé dans le monde. Introduit en 1974, le brevet a expiré en 2000 et nous retrouvons le glyphosate dans quelque 750 produits phytosanitaires.
L’entreprise Monsanto, géant des produits chimiques, est de nouveau pointée du doigt depuis que le Centre International de Recherche sur le Cancer a classé le glyphosate comme un « cancérogène probable » pour l’homme en mars 2015. C’est simplement le niveau le plus élevé avant d’être classé comme « cancérogène certain ».
Le glyphosate en Californie
La Californie a récemment reconnu l’effet cancérigène du produit Roundup de Monsanto. De nombreuses études en laboratoires ont en effet démontré les effets néfastes du Roundup sur la santé humaine. Alors que l’inquiétude grimpe de plus en plus, de grandes quantités de glyphosate sont trouvées dans les produits de consommation courante.
Aux États-Unis, ce sont près de 2,6 millions de tonnes de ce cancérigène qui ont été déversées pendant les deux dernières décennies. Résultat, le ministère de la Santé a ordonné des tests sur de nombreux produits de consommation afin de définir leur taux de contamination.
Après des tests, positifs, effectués sur des bières allemandes à Munich, un laboratoire de Saint Louis aux États-Unis a décidé de lancer une étude similaire, mais sur les vins. Les résultats de cette étude font froid dans le dos. Les 10 cuvées de vins testés présentent des traces de glyphosates… Vous voulez du sensationnel ? Même les vins dits « bio » ont été testés positifs au test…
Comment peut-on retrouver des pesticides dans ces vins ?
La pulvérisation du glyphosate est destinée à tuer les mauvaises herbes. Qui dit pulvérisation, dit aussi volatilité. Avec ce traitement, toute la plante est touchée : les bourgeons et les feuilles directement, mais aussi les racines qui vont absorber les produits chimiques contenus dans le sol et va les transmettre aux feuilles et surtout aux fruits.
Comment les vins bio peuvent-ils présenter un taux positif de glyphosate ? L’explication est assez simple. Bien que le viticulteur biologique ne traite pas ses vignes, le voisin le fait pour lui grâce à la volatilité des pesticides. Une autre raison peut expliquer la présence de Roundup dans les vins bio. Selon plusieurs études scientifiques, le glyphosate peut rester actif dans les sols pendant près de 20 ans. Des vignes en conversion biologique ne le seront donc pas vraiment pendant cette période de temps.
La présence d’une toxine potentiellement dangereuse reste matière à inquiétude pour tous les consommateurs et plus encore pour les vins se disant bio. Un Cabernet Sauvignon de 2013, provenant d’un vignoble conventionnel, présente 28,4 fois plus de glyphosate que les autres vins testés. Les quantités trouvées vont de 0,6 à 18,7 parties par milliard. La plus faible quantité a heureusement été trouvée dans un vin bio. Aux États-Unis, il n’y a pas de limite concernant le glysophate dans le vin. Toutefois, il y a une limite de 200 parties par milliard dans le raisin.
Le plus étonnant dans cette histoire, c’est que le Roundup et ses glyphosates sont régulièrement évalués comme possédant des propriétés « propres » d’envahisseur chimique. Cette découverte risque de faire du mal aux grandes régions viticoles californiennes :Napa Valley, SoNoMa, Mendocino, autant de grands producteurs et exportateurs de vins qui jouent de plus en plus la carte de l’œnotourisme.
La problématique des pesticides reste mondiale, mais les vins californiens vont certainement faire face à une crise de confiance sérieuse sur leur qualité.
Le saviez vous ?
Cet article a donné lieu à un passage sur la radio FranceInfo le dimanche 22 mai 2016. Vous pouvez retrouver l’article et le passage en radio en suivant ce lien : Du glyphosate cancérigène dans nos verres !
Jean-Nicolas Mouretin
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