Il y a peu de temps, je vous ai écrit un article concernant les conséquences du Brexit pour les vins français. Il est vrai qu’une telle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne va jouer un rôle majeur pour la viticulture de notre pays.
De tout temps — ou presque —, le Royaume-Uni est resté un grand pays importateur de vins français. Il est important de noter que les importations britanniques de vin français connaissent une baisse constante en valeur comme en volume depuis quelques années. Cependant, la France occupe la troisième place des échanges en volume, mais conserve sa première place en valeur. Le Brexit va-t-il poser problème ?
Le Brexit, bien que pouvant être une source de conséquence négative pour la viticulture française, peut aussi être vu comme une source d’avantages pour certaines régions viticoles.
Brexit, des ventes de Bordeaux au plus haut depuis 5 ans
Alors que les nouvelles sont plutôt mauvaises pour l’économie de l’Union européenne, certains vignerons trinquent à cette sortie des Britanniques. En effet, les commandes de vins de Bordeaux sont au plus haut depuis 5 ans. Depuis le vote pour le Brexit, la livre sterling a connu une chute importante et de nombreux grands crus sont commercialisés en monnaie anglaise. Depuis fin juin, la monnaie anglaise a fortement reculé, perdant plus de 10% de sa valeur par rapport aux des autres devises de référence sur le marché des changes. Déjà fragilisée depuis quelques mois, elle a dévissé depuis fin juin. Le 19 novembre 2015, la livre valait 1,42€ et 1,52$; le 16 août 2016, elle ne valait plus qu’1,15€ et 1,30$. Entre 10 et 20% de recul en 6 semaines seulement.
Le 18 mai 1152, la duchesse Alienor d’Aquitaine, épouse à Poitiers Henri Plantagenêt, alias Henri II, comte d’Anjou. Deux ans plus tard, ils règnent sur la Normandie et l’Angleterre. La dot de la duchesse comprenait tout le centre de la France, ainsi que son quart sud-est et donc ses vins. Les vins de Bordeaux vont donc rencontrer le succès à Londres bien avant de triompher à Paris. Au fil des siècles, les domaines de la région améliorent considérablement la qualité de leur production et renforcent par la même occasion la réputation de leurs vins. Et au fil des siècles, les domaines situés autour de la Gironde, de la Garonne et de la Dordogne améliorent leur qualité et renforcent leur prestige. Depuis ce moment, les prix des vins bordelais — ainsi que d’autres grands vins comme le Champagne — sont restés libellés en devise anglaise, soit la livre sterling. Le Royaume-Uni a conservé son rôle de plateforme de commercialisation des vins de Bordeaux à travers le monde.
La chute de la livre a donc eu pour conséquence directe la baisse du prix des bouteilles de vin de Bordeaux. Le vin étant encore un placement qui fonctionne bien pour les investisseurs, nombre d’entre eux ont tout naturellement profité de la baisse spectaculaire de près de 10 % des prix des crus bordelais.
Plus d’acheteurs de vins de Bordeaux
Avec cette soudaine baisse importante, de nombreux produits côtés en livre sterling sont impactés : pétrole de la Mer du Nord, cacao, or et vins de Bordeaux. Le BI LiveTrade Index, qui suit les prix des bouteilles de plus de 300 grands crus, est au plus haut grâce au Brexit. Depuis le début de l’année, l’index a progressé de plus de 15 % ! Cet indice mesure la performance des investissements des vins de Bordeaux, ainsi que ceux du Champagne. Gary Boom, PDG de BI, a confié au Financial Times : « Nous avons dû fermer certaines ventes de Bordeaux au lendemain du Brexit », car la demande était trop forte. Cette suspension n’a concerné que quelques grands crus sur les plus de 300 que prend en compte l’indice BI Live Trade. Une bulle financière autour des vins de Bordeaux serait-elle en train de se former ? Certainement, une baisse mécanique et éphémère des prix qu’il faut surveiller de près.
Avec la grave crise financière qui a secoué le monde en 2008, une hausse considérable du nombre de collectionneurs de grands vins a eu lieu jusqu’en 2011. Les aléas de la Bourse ont fait fuir des investisseurs qui se sont rabattus sur d’autres valeurs plus sûres, comme les grands vins. En plus, les canaux de vente se sont multipliés et de nouveaux acheteurs apparaissent. Grâce à l’intérêt croissant des Chinois, Coréens et Taïwanais pour le vin, de nouveaux nouveaux marchés en Asie se sont ouverts. Cette demande supplémentaire sur le créneau des grands crus bordelais fait grimper les cours.
L’avis d’investisseur sur le Brexit
Tom Gearing, directeur de Cult Wines, est intervenu sur la chaîne Skynews pour expliquer que l’investissement dans les vins fins devrait continuer à être attractif après le Brexit. Selon lui, une étude prévoit que 27 % des gestionnaires de fortune et des conseillers financiers indépendants s’attendaient à une hausse d’intérêt pour l’investissement dans le secteur. Ce regain d’intérêt, qui pourrait donc continuer de grimper, est le résultat d’ importante demande de diversification des actifs, la dévaluation soudaine de la livre sterling et la rentabilité intéressante de ce placement. Il est à noter que depuis 1988, le rendement annuel des placements dans le vin est de 10,65 % en moyenne.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pensez-vous que hausse va durer ? Est-il judicieux d’investir sur ces valeurs ? N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire !
Jean-Nicolas Mouretin
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