Selon les premières estimations établies par le service statistique du ministère de l’Agriculture, la production viticole devrait s’élever à 44 millions d’hectolitres en 2016. En 2015, la récolte s’était élevée à 47,8 millions d’hectolitres, soit une baisse de 8 %. La récolte de 2016 est inférieure de 4 % à la moyenne constatée sur les cinq dernières années.
Le ministère indique dans sa note de conjoncture que cette baisse sur un an de la production est principalement due au gel de printemps qui a touché de nombreuses zones viticoles : Champagne, Bourgogne et Val de Loire. La grêle a aussi fait d’énormes dégâts en Charente, en Bourgogne et dans le Beaujolais.
Petit dictionnaire des termes à savoir
Cycle végétatif de la vigne
Floraison : elle a lieu en juin et dure très peu de temps, dix jours au maximum. C’est un moment très délicat qui aboutit à la nouaison ou fécondation. Si le temps est humide et froid, on risque la coulure, c’est-à-dire la chute des fleurs et la non-fécondation des ovules. La précocité de certains cépages, notamment le chardonnay, les rend vulnérables à cette affection.
Nouaison (cycle végétatif de la vigne) : la nouaison intervient aussitôt la floraison terminée. Cette dernière a lieu en juin et dure très peu de temps, dix jours au maximum. C’est un moment très délicat qui aboutit à la nouaison ou fécondation. Si le temps est humide et froid, on risque la coulure, c’est-à-dire la chute des fleurs et la non-fécondation des ovules. La précocité de certains cépages, notamment le chardonnay, les rend vulnérables à cette affection.
Les maladies tuent la production
Mildiou : maladie originaire d’Amérique. Le mildiou est présent partout dans le monde où la vigne est cultivée et où les conditions climatiques sont favorables. Elle est due à un champignon Plasmospora viticola responsable d’une maladie fongique de la vigne qui se développe sur tous les organes verts : rameaux, feuilles, grappes, vrilles.
Rot gris : nom donné à une attaque de mildiou sur les baies. Les baies à peine formées se recouvrent d’une poussière blanche. Lorsque les fruits déjà développés de dessèchent, on parle alors de rot brun.
Coulure : phénomène naturel qui se produit à la nouaison et est à l’origine de la perte d’un certain pourcentage de fleurs : la coulure. Ces fleurs non ou mal fécondées tombent ou coulent. La coulure accidentelle, qui amplifie le phénomène naturel, entraîne parfois une diminution considérable du potentiel de production.
Production : la situation dans les régions viticoles
En Champagne — principalement dans l’Aude —, le vignoble a subi plusieurs jours de gel ce printemps et la production a été détruite sur plus de 4’600 ha. Les maladies — mildiou et rot gris — se sont attaquées aux vignes. Résultat, le vignoble a un retard d’une semaine sur la moyenne décennale. La production est prévue avec une baisse de 32 % sur un an.
En Bourgogne et dans le Beaujolais, le gel a fait de gros dégâts dans les vignes. Le gel a sévi sur plus de 10’000 ha du vignoble de Bourgogne à la fin avril. Les Côtes de Beaune et la Côte Châlonnaise, ainsi que des parties de l’Yonne sont fortement impactées par ce mauvais temps. Plusieurs épisodes de grêle ont également causé des dégâts importants dans le nord du Beaujolais et dans le sud du Mâconnais. Dans le Beaujolais, bien que la floraison se soit bien déroulée, la végétation est en retard sur la normale. La pression du mildiou dans ces deux régions est encore très forte. La production est prévue avec un recul de 23 % sur un an.
En Alsace, la présence du mildiou est très importante. Cependant, les grappes du vignoble en sont à l’étape de la fermentation. La production estimée est supérieure à la production de l’an dernier : une bonne nouvelle pour l’Alsace.
En Savoie, bien que le risque de maladie est fort, le potentiel de production reste important.
Dans le Jura, la coulure ainsi que le mildiou touchent le vignoble et devraient avoir des conséquences importantes dans la région.
Dans le Val de Loire, le gel a touché le vignoble à la fin avril avec des pertes prévues entre 10 et 50 % et la présence de mildiou est importante. La végétation est en retard de 10 jours avec une nouaison qui commence tout juste. Une baisse de 32 % sur un an est prévue pour la production de la région.
Dans les Charentes, la grêle de la fin mai a touché 7% du vignoble, soit 5’000 ha de vignes. Bien que la floraison se déroule correctement, les grappes sont moins nombreuses. La production devrait donc être inférieure à l’an passé, bien que la réserve utile en eau du sol soit importante. Le mildiou a ici aussi attaqué le vignoble, mais cette maladie est sous contrôle dans la région.
Dans le Bordelais, les grappes sont nombreuses avec un développement du vignoble relativement homogène. La vigne accuse toutefois un retard par rapport à l’an passé. Le mildiou a attaqué le vignoble, mais reste sous contrôle. La réserve hydrique des sols est importante. Dans le reste du Sud-ouest, les grappes sont aussi en abondances, mais la floraison est hétérogène. Le mildiou est une fois encore présent.
Dans le Languedoc-Roussillon, le vignoble est légèrement en retard par rapport à 2015. Bien que la sortie des grappes est à un bon niveau, la coulure affecte les cépages Grenache et Merlot dans certaines zones. Certaines zones spécifiques ont subi des dégâts causés par le gel et la grêle, mais sans grande incidence sur la production. Les dégâts dus aux maladies sont limités. La production de la région est prévue avec une très légère baisse de 1 % par rapport à l’an dernier.
Dans le Sud-Est, la sortie de grappes a été généreuse et la floraison s’est bien déroulée. Malheureusement, le gel de la fin avril a causé des dégâts dans les parcelles en Indication Géographique Protégée, surtout dans le Var. De plus, la réserve hydrique dans la région PACA est en déficit et la coulure a affecté — essentiellement — le Grenache. Le mildiou est présent dans certains endroits. Selon les départements, la situation est contrastée.
En Corse, la pression des maladies est forte, mais la production devrait être équivalente à l’an passé.
Il faut bien conclure
Après un printemps frais et humide, ainsi qu’un été qui n’arrive pas, la saison est en retard un peu partout et le mildiou s’attaque aux récoltes de nombreuses régions. Le seul élément positif à noter pour la récolte à venir réside dans les bonnes réserves hydriques de nombreuses régions par rapport aux 30 dernières années. La Provence et le Languedoc servent d’exceptions à cette règle nationale.
Jean-Nicolas Mouretin
Source : Une production viticole 2016 estimée, à la mi-juillet, en baisse par rapport à 2015
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