Lorsque l’on s’intéresse au monde du vin et à son histoire, une question nous frappe assez rapidement : depuis quand l’Homme produit-il du vin ? Régulièrement les paléontologues font des découvertes sur la viticulture et la production — volontaire — de jus de raisin fermenté.
Vendanges en Egypte (détail d’une fresque, Thèbes, tombe de Nakht) |
La vigne : une plante vieille comme le monde
Il est difficile de dater précisément les origines de la vigne. Il semble toutefois que la vigne ait précédé l’apparition de l’homme sur terre et croissait déjà dans nos contrées il y a 130 millions d’années. Cependant, la première trace de raisin sauvage a été retrouvée dans des fossiles datant de 60 millions d’années, au début de l’ère tertiaire.
À cette époque, la vigne primitive se cantonnait à l’hémisphère nord. En Champagne, une feuille de vigne fossilisée datant du paléocène. Elle a été trouvée dans la région de Sézanne et date de 60 millions d’années. Mais, à cette époque il n’était pas encore question de culture de la vigne pour produire une boisson fermentée aujourd’hui appelée le vin.
Le berceau de la vigne et du vin : l’Arménie
Comme l’expliquait Alexandre Dumas dans Le Caucase : « C’est en Arménie que Noé, le patron des buveurs de tous les pays a planté la vigne et essayé la puissance du vin ». La Bible rapporte dans la Genèse que « Noé, agriculteur, commença à cultiver la terre et planta une vigne ». C’est de cette façon que la Bible rappelle l’origine ancestrale de la culture de la vigne en Arménie.
La viticulture se diffusait jusqu’à la Géorgie voisine, qui est, avec l’Arménie, un des principaux foyers de la viticulture dans le Caucase. Cette région, que l’on appelle aujourd’hui Arménie, était le lieu représenté par la Bible comme l’Éden, ou le Paradis terrestre.
Les traces archéologiques dans la région d’Areni témoignent de la présence d’une production volontaire viticole. Selon Gregory Areshian, responsable des fouilles et directeur adjoint de l’Institut archéologie Cotsen à l’Université de Californie à Los Angeles, « Pour la première fois, nous avons une image archéologique complète d’une production de vin vieille de plus de 6000 ans ».
Des archéologues ont trouvé, en Arménie, les traces d’une vinification élaborée durant la Préhistoire, à l’âge du cuivre : une unité complète de production de vin datant de plus de 6000 ans a été découverte sur un site de quelque 700 mètres carrés parmi des dizaines de tombes, faisant penser que le vin pourrait avoir joué là un rôle cérémonial.
Parmi les objets retrouvés, les archéologues ont découvert des pépins de raisin, des restes de raisins pressés, des sarments de vigne atrophiés, une cuve en argile, apparemment utilisée pour la fermentation, profonde de 60 centimètres, pouvant contenir de 52 à 54 litres. Les chercheurs ont aussi trouvé un pressoir rudimentaire sous forme d’un bassin d’argile, de près d’un mètre sur un mètre et de 15 cm de profondeur, entouré d’une sorte de conduit pour contenir le jus de raisin qui pouvait ainsi se déverser dans la cuve.
« De toute évidence, les raisins étaient écrasés avec les pieds comme cela a été fait très longtemps dans toutes les régions de production viticole », explique Gregory Areshian, responsable des fouilles. Les chercheurs ont aussi découvert des morceaux de poterie imprégnés de vin, une tasse cylindrique faite d’une corne d’un animal indéterminé ainsi qu’un bol en argile pour boire et de multiples fragments d’autres récipients similaires. Cette découverte fait donc de l’Arménie le berceau officiel de la viticulture.
Une nouvelle découverte de viticulture en Grèce change la donne
Je ne vous parle pas ici des extraterrestres ou des illuminatis, mais bien d’un autre pays.
En effet, des archéologues ont retrouvé des cruches antiques grecques pouvant servir à la conservation du vin. Après un examen chimique de ces objets, les chercheurs ont retrouvé des traces d’un vin vieux de plus de six millénaires.
Des traces d’un vin préhistorique ont été retrouvées par une équipe de scientifiques de l’Université Aristote de Thessalonique et de l’École normale supérieure.
Une équipe de scientifiques de l’Université Aristote de Thessalonique et de l’École normale supérieure ont examiné les cruches découvertes en 2010 à Dikili Tash, dans le nord de la Grèce. Cette vaisselle en terre a été retrouvée dans les ruines d’un édifice ravagé par le feu il y a plus de six siècles. Il convient de préciser que des fouilles antérieures dans cette région avaient permis de découvrir des objets néolithiques. Trouvés non loin des cruches, des restes pétrifiés de raisin écrasé indiquent que les fermiers locaux savaient faire du vin et du jus de raisin.
Il y a un élément qui différencie cette étude des précédentes. En effet, les études précédentes se basaient toutes sur la présence de traces chimiques du raisin dans les cruches, alors que cette étude en question a cherché à révéler des marqueurs de la fermentation, à savoir des acides pyruvique et succinique. Grâce aux résultats de cette recherche, les chercheurs vont pouvoir tenter de mieux comprendre l’histoire de la viticulture et la géographie de la consommation du vin dans les civilisations antiques.
Mais qui est le premier ?
L’intérêt de la découverte de la vinification en Grèce réside dans la remise en cause de ce que l’on pouvait imaginer jusqu’à présent. Il est difficile de savoir qui de l’Arménie ou de la Grèce a été le premier à produire du jus de raisin fermenté. Si ces deux pays produisaient du vin pendant la même période, cela peut signifier que la production de vin pourrait remonter à une période plus ancienne.
À lire aussi :
N’hésitez pas à me faire part de vos impressions sur votre expérience en commentaire. Vous pouvez aussi suivre votre blog sur le vin avec Instagram.