Il y a des jours comme ça où tout tombe au bon moment. Alors que la polémique lancée par le lobby de la Santé gonfle autour de la campagne d’information sur les repères de consommation, je deviens l’heureux propriétaire d’une de ces fameuses plaquettes. Une bonne occasion pour moi de vous en parler.
A l’origine une campagne d’information nationale
Vin et Société est une association de communication qui regroupe plus de 500’000 acteurs de la filière viticole. L’organisation porte haut ses missions et valeurs : transmettre les valeurs du vin, défendre ses atouts socio-économiques, promouvoir une consommation qualitative et responsable, entretenir le dialogue avec les pouvoirs publics, s’engager sur différentes problématiques sociétales et devenir un laboratoire d’idées nouvelles pour le vin.
Le slogan présent sur les 4 visuels de la campagne « Le vin. Je l’aime, je le respecte » joue parfaitement son rôle de promotion d’une consommation qualitative et responsable que défend l’association et me rappelle étrangement la polémique sur le slogan « Let's drink less, buvons meilleur ". L’association a même pris le soin de ne pas mettre en scène des personnes pouvant être perçu comme une incitation à la consommation d’alcool en personnifiant deux grains de raisin dont l’un explique « Aimer le vin, c’est aussi avoir un grain de raison ».
Chaque affiche rappelle les repères de consommation « 2.3.4.0 » définis par la Haute Autorité de Santé dans le cadre du Plan National Nutrition Santé. Ces repères sont d’ailleurs présents sur de nombreux sites comme Alcool Info Services, INPES (p.8), Assurance Maladie or mangerbouger.fr — il y a pas moins de 50 sources d’informations officielles présentant ces repères — il s’agit d’une mnémotechnique pour se souvenir qu’il ne faut pas dépasser 2 verres par jour pour les femmes, 3 verres par jour pour les hommes, jamais plus de 4 verres en une seule occasion et enfin 0 verre un jour par semaine et dans des situations à risque comme la grossesse ou la prise de médicaments. D’après un baromètre IFOP de 2014, 9 Français sur 10 ne connaissent pas les repères de consommation responsable. Les pouvoirs publics ne dépensent que 5 millions d’euros pour les campagnes de prévention chaque année et n’ont réalisé aucune campagne sur les repères de consommation — une logique implacable —.
N’oublions pas la mention « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération » indiquée dans un cadre blanc en bas d’affiche.
En plus de ces affiches, Vins et Société a mis en place une Facebook page, diffuse l’information sur le compte Twitter de Vins&Society avec le hashtag #vindomptables, un compte Instagram, des web-films de campagne, l’impression d’un guide de consommation responsable et enfin une page dédiée. C’est un sans faute et pourtant le lobby de la Santé trépigne et s’offusque déjà contre cette campagne.
Une polémique du lobby de la Santé consternante
Après la publication de cette affiche, la Haute Autorité de Santé s’est empressée de modifier la formulation de ces repères sur les différents sites web présentés plus haut afin de justifier son discours. According to her, cette campagne instrumentalise des repères qui renseignent les seuils à risque nécessitant une prise en charge médicale en de simples repères de consommation d’alcool acceptable.
La Haute Autorité de Santé va même jusqu’à précipiter le le Pr Serge Hercberg, président du Plan National nutrition santé pour annoncer que ces repères, pourtant mis en place par l’état, sont purement et simplement obsolètes… — À ce demander ce qu’ils attendent pour les mettre à jour —. Puis le Dr Alain Rigaud, président de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie qui voit en ces grains de raisin des bonbons incitant à la consommation d’alcool et qui analyse la phrase « aimer le vin, c’est aussi avoir un grain de raison » comme une incitation à la consommation de vin puisqu’il devient un acte normal et raisonné.
La déléguée générale de Vin et Société, Audrey Bourolleau, se montre inquiète sur La Revue du Vin de France expliquant que depuis 3 ans l’association essaie de mettre en place cette campagne en collaboration avec l’HAS et que l’association n’a jamais pu obtenir de réponse de cette autorité. According to her, cette polémique est un changement radical de stratégie du lobbying de la santé qui passe de la consommation responsable à une tolérance zéro.
Pour l’ANPPA, cette affiche est une véritable attaque contre la santé publique quelques jours après la clarification de la loi Evin. L’ANPPA a cependant déclaré ne pas vouloir porter plainte. — un aveu à demi-mot de son manque de crédibilité très certainement —.
Le Gorafi présentait un article nommé « 5 fruits et légumes/jour: hospitalisation d’un enfant ayant mangé 2 pastèques et 3 citrouilles " in 2013. Cet article satirique se moquait ouvertement des repères de consommation mis en place par les autorités de santé. Nous n’en sommes pas loin avec la polémique actuelle…
Jean-Nicolas Mouretin
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