Guerre du vin en Sancerre : 5’600 pieds de vigne arrachés

La guerre du vin est déclarée en Sancerre ! C’est du jamais vu dans le Sancerrois : un viticulteur a porté plainte ce week-end contre l’arrachage sauvage de 5’600 pieds de vigne du cépage sauvignon.

Une vigne plantée au printemps

Le viticulteur du Sancerrois a porté plainte ce week-end contre l’arrachage sauvage de ses 5’600 pieds de sauvignon sur une parcelle à Saint-Satur dans le Cher. Il estime que cette action lui cause un préjudice d’au moins 12’000 euros. Ces vignes détruites étaient destinées à la production de vin sous IGP — Indication Géographique Protégée —. Un méfait attribué dans le milieu viticole à des opposants au label IGP, source pour certains de confusion et de fraudes.

Cette IGP est très mal vue par les viticulteurs en AOC — Appellation d’Origine Contrôlée —, qui craignent une concurrence déloyale et par conséquent une dévalorisation de leur AOC. En février dernier, une manifestation devant la préfecture de Bourges contre cette réglementation des IGP avait réuni 300 viticulteurs.

IGP vs AOC

L’IGP, contrairement à l’AOC et l’AOP, désigne les produits dont au moins une des étapes a eu lieu dans une zone géographique précise. Pour ces deux autres appellations, la fabrication, la production et la transformation sont réalisées dans la même zone géographique. Ce nouveau label IGP développé par l’Union européenne vise à remplacer l’ancienne dénomination de « vin de pays ».

Il fallait s’y attendre

« Ce qui devait arriver est arrivé ». « Nous condamnons fermement de tels agissements… Mais cela fait deux ans et demi que nous tirons la sonnette d’alarme en demandant que l’administration prenne des mesures de restriction pour empêcher la plantation dans le Sancerrois en IGP de sauvignon et de pinot noir », les deux cépages de l’AOC Sancerre, a déclaré Gilles Guillerault, président de l’Union viticole sancerroise, qui défend les intérêts des viticulteurs en AOC. « L’administration n’a pas pris ses responsabilités et les mesures adéquates… Ce qui devait arriver est malheureusement arrivé », a ajouté Gilles Guillerault.

Selon les viticulteurs sous l’appellation d’origine contrôlée (AOC), la plantation des deux cépages emblématiques du Sancerre devrait tout simplement être interdite aux vins sous le label IGP, institué par l’Union européenne et qui recouvre l’ancienne notion de vin de pays. « Ça a l’odeur du sancerre, ça en a la couleur, mais ça n’en est pas. La classification devient floue pour le consommateur. C’est un préjudice à moyen terme », avait ainsi déclaré en octobre dernier Nathalie Prieur, directrice de l’Union viticole sancerroise.

« Il est trop facile de mettre un vin de pays et un vin AOC dans une même cave », dénonçait également un viticulteur, laissant planer un soupçon de fraude sur les producteurs de sauvignon et pinot noir en IGP.