J’apprécie par-dessus tout pouvoir vous proposer un article d’actualité sur des initiatives positives liées au monde du vin et cet article sur la scop Alizarine en fait partie.
En France, le transport de marchandises est responsable de plus de 40 % des émissions de CO2 du secteur des transports et de 15 % des émissions totales. Alors que le transport fluvial est réputé pour être beaucoup moins polluant que le trafic routier, il ne représente que 2% du trafic total.
Les nombreuses voies navigables sont délaissées au profit de la route pourtant beaucoup plus cher. Cependant, la société Alizarine a parié sur ce mode de transport de bouteilles de vin bio ou naturel plus propre. L’idée est loin d’être bête puisque le réseau fluvial parcourt 80 % du vignoble français. Le bateau récupère les bouteilles dans la vallée du Rhône pour les amener à Paris. Le quartier de Bercy était le plus grand commerce de vin au monde entre 1860 et 1880 et le vin était bien entendu acheminé par la Seine.
C’est en 2012 que la société coopérative Alizarine est créée par Cécile Sauthier et Raphaël Sauzéat. L’alizarine est un colorant rouge d’origine végétale, extrait de la racine de la garance des teinturiers, une plante vivace de la famille des Rubiacées, autrefois largement cultivée pour la teinture qu’elle fournissait. Ce nom est aussi celui de la péniche qu’ils utilisent pour transporter le vin entre la vallée du Rhône et Paris.
Le Grenelle de l’environnement avait fixé, en 2009, l’objectif d’augmenter la part du transport non routier et non aérien de marchandises de 14 % à 25 %, d’ici à 2022. Le transport d’une tonne de marchandise par voie fluviale génère en moyenne quatre fois moins de CO2 que par la route. Malheureusement, cet objectif ambitieux a de grandes chances de ne pas être atteint.
Alizarine – Un mode de transport plus écologique
En France, le transport fluvial ne représente que 2% du transport intérieur alors que ce réseau est le plus grand d’Europe avec 8’5000 kilomètres de canaux.
Cécile Sauthier et Raphaël Sauzéat ont décidé de profiter de ce réseau qui traverse la majorité des régions viticoles comme le Languedoc-Roussillon, la Champagne, le Rhône ou encore la Loire. Ils tentent de rendre ses lettres de noblesse au transport fluvial « écoresponsable » de bouteilles de vin, essentiellement issues de vignobles bio.
La péniche Alizarine est aussi un moyen de transport très pratique. Avec ses trente-cinq mètres de longueur et cinq mètres de largeur, elle peut transporter un maximum de trente mille bouteilles. Pour transporter ces cinquante palettes de vin, il faudrait cinq camions frigorifiques. La péniche faisant escale, une ramasse par camion chez les vignerons jusqu’à 25 kilomètres autour du point de chargement.
La cale du bateau est remplie au fur et à mesure des escales de vins, mais aussi de produits du terroir en agriculture biologique. Arrivées à Paris, les livraisons ont lieu sur les quais. Les cavistes, restaurants et groupements d’achat peuvent poursuivre cette initiative écologique en étant livrés par véhicule électrique.
Pour parcourir les quelque 900 kilomètres, la péniche met une vingtaine de jours où le vin peut continuer son vieillissement naturel puisqu’en transport fluvial, il n’y a pas de secousse comme en transport routier. La température constante de 15°C est essentielle pour les vins naturels qui sont souvent plus fragiles.
« Ce transport militant demande de la part des producteurs et des clients une nouvelle démarche, très engagée, basée sur la lenteur, a contrario du modèle économique actuel basé sur la politique du flux tendu », précisent les gérants de la scop. Pour l’heure, ce sont essentiellement des producteurs de vins bio et naturels qui adhérent à la démarche puisque sensibiliser à l’écologie. Pour valoriser les produits transportés par bateau, une étiquette est apposée sur les bouteilles.
Un mode de transport qui a du mal à percer
Malheureusement, la voie fluviale a aussi ses désavantages. Utiliser ce mode de transport entraîne un surcoût de 0,3 à 0,5 euro par bouteille, car les subventions dont bénéficient les camions permettent au transport routier d’être très compétitif. Bien qu’Alizarine reçoive le soutien financier de plusieurs institutions, elle a du mal à tenir la barre. Le financement provient des conseils départementaux de l’Ardèche et de la Drôme, les conseils régionaux Rhône-Alpes et Île-de-France ainsi que Voies Navigables de France (VNF). Elle s’est aussi vue octroyer des prêts d’honneur attribués par les associations « Entreprendre pour le fluvial » et « Initiative Ardèche méridionale ».
Le surcoût de l’acheminement pourra diminuer quand les cales du bateau seront pleines, mais c’est encore loin d’être le cas. Car la lenteur a son revers : « 80 % des clients de notre étude de marché n’ont pas tenu leurs engagements, notamment par leur incapacité à anticiper les commandes de leurs clients. »
Pour résoudre cette situation économique « préoccupante », une campagne de financement participatif a été menée sur le site Ulule. Le résultat a été sans appel puisque 355 personnes ont apporté 21’782 €, soit 124 % de l’objectif. Cette aide permettra à Alizarine d’assurer le prochain aller-retour entre la vallée du Rhône et Paris, du 7 février au 14 avril 2016.
Alors que l’avenir de la Scop est toujours incertain, le label COP 21 qui marque la « reconnaissance gouvernementale des projets de mobilisation climatique d’intérêt général » a été attribué en 2015 à l’opération « Bordeaux-Paris par la voie d’eau, un voyage pour le climat » co-porté par l’Alizarine et le Tourmente, un autre bateau de commerce.
Une telle initiative ne peut être que soutenue ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai décidé de vous en parler et je vous invite à faire comme moi en allant mettre un petit j’aime sur la page Facebook du bateau Alizarine.
Jean-Nicolas Mouretin
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