Les Britanniques ont toujours apprécié le vin, surtout lorsqu’il est français. Mais le Brexit pourrait bien venir troubler ce plaisir …

Quelques jours après la sortie de l’Angleterre de la zone euro, tout le monde se demande que peuvent être les conséquences à venir. L’Angleterre et la France sont devenues des partenaires économiques ne pouvant plus se passer l’un de l’autre. Parmi les domaines les plus affectés, celui du vin figure comme un des grands perdants cette sortie.

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Qu’est-ce que le Brexit ?

Vendredi 24 juin dernier, 51,9 % des Anglais ont voté en faveur du Brexit. Une — faible — majorité a donc décidé de la sortie du pays de la zone européenne. Les conséquences économiques de cette sortie sont difficiles à prévoir, mais comme David Cameron l’explique : « le Brexit est un saut dans l’inconnu ».

Pourquoi une inquiétude pour le vin ?

Cette décision risque d’avoir des conséquences économiques importantes pour les viticulteurs français. Le Royaume-Uni est un importateur majeur des vins français et bien entendu un partenaire économique fidèle de l’hexagone.

Le Royaume-Uni produit un peu de vin — 25 mhl —, mais cela ne suffit pas à couvrir sa consommation : l’Angleterre est le sixième marché mondial pour la consommation de vin soit 5,25 % de la consommation mondiale. C’est aussi le deuxième importateur de vins au monde en valeur derrière les États-Unis et en volume derrière l’Allemagne. Chaque année, 6 millions de bouteilles y sont vendues. L’Angleterre importe 14’834,2 millions d’hectolitres et la France est le premier fournisseur de vin en valeur avec 34,22 % des parts de marché et le troisième en volume avec 15,95 % en 2014.

D’après Pierre Gernelle, président du syndicat des négociateurs-éleveur de Bourgogne : « Ce qu’il faut c’est distinguer le très court terme, du court et du moyen terme. À très court terme, on voit que les bourses sont chahutées, les valeurs boursières, les actions et également les parités dans la livre sterling. On s’attend à ce qu’il y ait une intervention très prochaine des banques centrales pour stabiliser la chose. »

Les conséquences possibles du brexit sur la filière du vin

Le retour en force du Common Wealth

L’un des plus gros risques du Brexit pour la filière viticole réside certainement dans le renforcement d’une concurrence sur le prix. En sortant de l’Union européenne, la Grande-Bretagne va pouvoir renégocier seule les accords de libre-échange qui la liaient avec des pays partenaires commerciaux de l’Union européenne.

Le Commonwealth est une organisation intergouvernementale composée de 53 États membres qui, pour la plupart, sont d’anciens territoires de l’Empire britannique. Le Commonwealth a émergé au milieu du XXe siècle pendant le processus de décolonisation. Il est formellement constitué par la Déclaration de Londres de 1949 qui fait des États membres des partenaires « libres et égaux ». Le symbole de cette libre association est la reine Élisabeth II qui est chef du Commonwealth. La reine est également chef d’État des 16 royaumes du Commonwealth. Les autres États membres sont 32 républiques et cinq monarchies dont le monarque est différent.

Le Commonwealth constitue donc une zone à part entière et les échanges de vin avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande risquent fort de prendre de l’importance sur les autres pays exportateurs vers le Royaume-Uni comme la France, le Chili ou l’Argentine.

Le taux de change défavorable

Les bourses européennes se sont affolées avant et après le référendum. Le taux de change livres sterling/euros est désormais défavorable pour les exportations. Si le taux de change de la livre baisse encore, les acheteurs britanniques risquent bien d’être plus frileux à l’idée d’importer des produits sur le territoire. À l’annonce du résultat du référendum sur la sortie de l’Union Européenne, la livre a dévissé de 8 % face au dollar et à l’euro. Les banques centrales devraient parvenir à limiter l’écart qui se creuse, mais il y aura des effets négatifs sur les exportations. Selon le Cabinet Euler Hermes, nous pouvons nous attendre à une perte de 40 % sur les exportations de vin français en Angleterre, soit 200 millions d’euros de pertes.

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La hausse des prix possible à cause du Brexit

Les produits français jouissent d’une belle réputation puisqu’ils sont souvent synonymes de grande qualité. Cependant, ils risquent d’être moins accessibles pour la Grande-Bretagne. Si le déséquilibre monétaire continue à se creuser, les vins français seront plus chez en Grande Bretagne. Il n’est vraiment pas sûr que les Anglais acceptent une augmentation de 5 à 10 % du prix d’achat du vin. Les viticulteurs français s’inquiètent donc d’une baisse des volumes achetés par les maisons de négoce. Certains viticulteurs exportent une grande partie de leur production vers le Royaume-Uni. Selon un viticulteur interrogé par France Info, depuis les résultats du Brexit, « Tout est bloqué, les bouteilles ne partent plus ». Les acheteurs anglais se montrent prudents et c’est normal. Le prix des bouteilles de vin a augmenté en une nuit seulement de 9 à 12 livres.

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Pour Pierre Grenelle, il va falloir garder un œil sur les modalités de sortie des Britanniques : « Puisque le Royaume-Uni décide de quitter le marché commun, on va voir se réintroduire des bannières douanières tarifaires voir réglementaires… et cela pourrait — je le dis bien au conditionnel — pénaliser les exportations de vins de Bourgogne. Ça pourrait signifier un vin de Bourgogne plus cher pour les Anglais, sachant que c’est un marché extrêmement concurrentiel où tous les acteurs mondiaux sont présents et où les prix ont une très grande l’importance et où les consommateurs sont extrêmement sensible aux évolutions de prix. »

La Wine and Spirit Trade Association estime qu’une bouteille de vin issue de l’Union européenne devrait augmenter en moyenne de 29 pence, contre une augmentation de 22 pence pour une bouteille de vin provenant d’un pays tiers.

Autant dire que l’organisation britannique représentant les opérateurs de la filière vinicole commence à avoir chaud. Elle estime que la baisse de valeur de la livre de 15% depuis la fin juin représente un coût de seulement 225 millions de livres par an pour les importations de vins européens, soit 251 millions d’euros ! Il en va de même pour les importations venants des pays tiers avec un coût de 188 millions de livres, soit 209 millions d’euros. Ces pertes colossales correspondent à près de 10 % de la fiscalité prélevée sur les alcools au Royaume-Uni. Malheureusement, « ce coût devra probablement être absorbé par le secteur du vin ». Cet effet risque d’avoir des conséquences lourdes sur l’activité économique liée à la commercialisation du vin et l’emploi. Il faut noter que cela génère tout de même 17,3 milliards de livres par an, soir 19,29 milliards d’euros et crée 170’000 emplois directs.

Une sortie de la zone euro va aussi certainement signer le retour des barrières économiques, ainsi qu’un retour des barrières douanières. Le grand retour de ces barrières risque d’augmenter encore le prix des vins français en Angleterre. Un danger considérable à prendre en compte pour les viticulteurs français.

Selon l’ANIA — Association Nationale des Industries Alimentaires —, le Brexit pourrait limiter les échanges commerciaux à cause du rétablissement de droits de douane sur les échanges ou à la perte du bénéfice lié à l’existence d’une union douanière. « Ces droits de douane peuvent être particulièrement élevés s’agissant des biens alimentaires », souligne l’ANIA. L’association précise que les coûts administratifs peuvent représenter jusqu’à 25 % de la valeur des biens échangés, en cas d’apparition de barrières non tarifaires.

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Il faut bien conclure

Avec l’apparition de ces risques, les producteurs de vin français s’organisent pour trouver d’autres marchés pour limiter la casse comme la Lituanie ou la Russie par exemple. Même s’il est important de se préparer au pire, il faut tout de même attendre de connaître les conditions de sortie du Royaume-Uni ainsi que des accords qui vont être pris à l’avenir. Espérons que les accords se baseront sur le principe de libre échange qui existe déjà pour ne pas impacter les échanges des deux pays.

[Mise à jour du 09/06/2017]

Comme je l’annonçait, le Brexit affichait des conséquences lourdes pour le monde du vin. Aujourd’hui, le prix du vin atteint un pic sans précédent au Royaume-Uni en raison de la sortie prochaine du pays de l’Union Européenne. Selon la révision des prévisions de la Wine and Spirit Trade Association, être oenophile va coûter de plus en plus cher…

Selon le nouveau rapport établi par cet institut, le prix moyen de la bouteille de vin a davantage augmenté ces 12 dernières semaines qu’au cours des deux dernières années.

Après avoir franchi le seuil des 5,50 £ (6,30 €) pour la première fois au dernier trimestre 2016, le prix moyen d’une bouteille de vin atteint désormais 5,56 £ (6,37 €), en partie à cause de la chute de la livre sterling. Les consommateurs paient donc 16 pence de plus par rapport à la même période l’année dernière, et 19 pence de plus par rapport à 2015.

Selon l’institut, les effets de l’inflation et une augmentation de la taxe entretiendront ce phénomène : une prochaine augmentation devrait encore ajouter 8 pence au prix moyen de la bouteille.

Jean-Nicolas Mouretin
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