L’excellent millésime 2015 des vins de Bordeaux a permis lors de la campagne des primeurs une augmentation des prix de 22,8 % en moyenne par rapport à l’année précédente sur les 350 crus proposés sur le marché des primeurs. Une bonne nouvelle pour les Bordelais, une moins bonne pour le consommateur.
Les vins de Bordeaux risquent de faire plaisir à plus d’une personne cette année, à condition d’avoir le portefeuille qui va avec. L’augmentation du prix, dû à l’excellent millésime 2015, frôle les 22,8 % en moyenne. C’est notamment la dizaine de marques du haut du panier, comme Haut-Brion, Cheval-Blanc, Angélus, Margaux ou encore Mouton Rothschild qui sont le plus touchées. Ausone et Cheval Blanc en Saint-Émilion se négocie à 450 € la bouteille, prix négociants, et devraient par conséquent se retrouver sur les grandes tables à seulement 750 € la bouteille.
Les primeurs des grands châteaux ont augmenté de 54 % en moyenne
Un important courtier de la place bordelaise a confié à Reuters que « la plupart des courtiers et des négociants préfèrent ne pas trop parler de cette dizaine de crus qui entretiennent le ‘Bordeaux-bashing’ en raison de ces prix très élevés ». En dehors de la dizaine de crus classés du haut du panier, il y a aussi eu une augmentation de 10 à 15 % seulement par rapport à l’an passé. « Là on est dans la réalité. 2015 est un grand millésime, 15 % c’est justifié et c’est accepté par le marché, avec des vins qui vont arriver entre 20 et 50 euros prix consommateurs », précise le courtier, qui assure qu’en Californie, en Espagne ou en Italie les prix des grands crus sont bien souvent plus élevés.
Un vin primeur livrable 18 mois à deux ans plus tard
Les primeurs sont une tradition bordelaise unique en son genre. Elle permet de fixer à l’avance les prix des plus grands crus et de vendre un vin qui ne sera livrable que 18 mois à deux ans plus tard. Une bonne solution pour avoir du cash avant même que le vin ne soit commercialisable. Tous les ans au mois d’avril, plus de 5’000 professionnels du monde entier se retrouvent en Gironde pour déguster la production de la dernière vendange des plus grands crus, à quelques exceptions près. Grâce à ses avis, commentaires et notes de professionnels, les propriétés viticoles fixent un prix de vente. Pour la première fois depuis de nombreuses années, la campagne a été marquée par l’absence de Robert Parker, le célèbre critique du vin. Il est tellement célèbre, qu’il a le pouvoir de faire ou défaire le succès d’un vin, tel un Dieu tout puissant.
Un volume en baisse sur le marché
En plus de l’effet millésime, le volume mis sur le marché a joué un rôle important sur le prix. La baisse du volume proposé en primeur n’a pas ravi tout le monde. Bien souvent, les propriétaires bordelais vendaient 90 % de leur production en primeurs. Aujourd’hui, la proportion est plus proche des 50 ou 60 %. « Les Chinois sont actifs sur le livrable, mais pas sur les primeurs, comme le font les États-Unis », ce qui fait que le marché a été avant tout européen, précise un négociant. La baisse des volumes devrait permettre de revaloriser les primeurs. Par le passé, acheter en primeurs était synonyme d’acheter un vin à son plus bas prix. La spéculation et la flambée des prix ces dernières années n’ont pas permis cet effet « bon plan » sur le millésime 2009 et, surtout le millésime 2010, qualifié de millésime du siècle.
Jean-Nicolas Mouretin
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