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L’Alsace est une région réputée pour son mélange d’influences germaniques et latines. Doté d’une histoire riche, le vignoble alsacien est la principale économie agricole de la région. La route des vins d’Alsace est un itinéraire unique. Inaugurée en 1953, elle est l’une des plus anciennes de France. Elle traverse les petits villages de la région. Elle part des pieds de Mulhouse et s’étend jusqu’à Strasbourg, en passant par Colmar.

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Histoire du vignoble d’Alsace

Au commencement furent les Celtes

Les premières traces de la vigne en Alsace remontent aux Celtes, mais c’est durant la conquête romaine que la culture de la vigne a véritablement commencé. De nombreux soldats de la garnison romaine stationnaient dans la région, à la frontière avec la Germanie. Cette présence militaire a grandement favorisé le développement de la viticulture en Alsace.

Après de nombreuses années de déclin, c’est au Moyen Âge que le vignoble renaît. La christianisation y joue pour beaucoup et la région est marquée par la figure de Sainte Odile, patronne de l’Alsace. Des domaines épiscopaux et monastiques se forment sous les règnes des Mérovingiens et des Carolingiens. En l’an 900, plus de 160 villes ou villages cultivaient déjà la vigne.

Grâce aux corporations régissant la production du vin exporté par le Rhin, des villes fortifiées voient le jour. L’âge d’or de la viticulture alsacienne a lieu au XVIIe siècle, en pleine période de la Réforme.

Guerres et maladie tuent le vignoble

S’il existe une région de France mouvementée dans son histoire, c’est bien l’Alsace ! Le vignoble alsacien est entièrement détruit durant la guerre de Trente Ans — entre 1618 et 1648 —. L’Alsace fut régulièrement ballottée entre la France et l’Allemagne, passant régulièrement sous un drapeau ou l’autre au fil des guerres successives : attachée pendant huit siècles à l’Allemagne, elle passe du côté français sous Louis XIV. Suite à la guerre franco-prussienne, elle est annexée en 1871 puis restituée à la France en 1919 avant d’être occupée en 1940 pour finir française jusqu’à nos jours.

Au début du XIXe siècle, le vignoble se développe bien, mais les Allemands ne sont pas de grands consommateurs de vin. L’annexion de 1871 marque donc un tournant pour le vignoble alsacien qui va décliner. Le phylloxera et les combats en 1945 ne vont pas améliorer la situation

La résurrection du vignoble alsacien

Alors que le XIXe siècle était marqué par une recherche de la quantité, l’après-guerre en 1945 sera un tournant majeur pour le vignoble alsacien en pleine reconversion qualitative. L’effort fut récompensé la même année lorsque l’Appellation d’Origine Contrôlée fût promulguée. Elle sera définitivement encadrée en 1962 par l’INAO grâce à la négociation du CIVA. En 1947, les viticulteurs de la région alsacienne font renaître à Kientzheim une confrérie d’origine médiévale : la Confrérie Saint-Étienne. Enfin, les professionnels font naître en 1953 la désormais très connue Route des Vins, complétée par la suite d’une cinquantaine de sentiers viticoles.

Géographie du vignoble d’Alsace

Le vignoble alsacien s’allonge sur 170 km partant de Thann, près de Mulhouse, dans le Haut-Rhin (68) — c’est-à-dire au sud — jusqu’à Marlenheim, près de Strasbourg, dans le Bas-Rhin (67) — c’est-à-dire au nord —. La ville de Colmar, au centre du vignoble alsacien, est considérée comme la capitale du vignoble.

Il ne faut pas oublier qu’à la frontière avec l’Allemagne au Nord, une petite zone viticole isolée du reste du vignoble alsacien est collée au vignoble allemand du Palatinat.

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Terroirs en Alsace

Les sols et sous-sols

L’Alsace ne comporte pas un seul terroir, mais bien une multitude de terroirs. Je ne vais pas entrer dans le détail géologique, mais rappelez-vous que la plupart des communes viticoles possèdent quatre ou cinq types de sous-sols ayant une conséquence directe sur le vin : granites, calcaires, grès, gneiss, volcano-sédimentaires et plus si affinité. Pour ne prendre qu’un exemple, le Riesling va gagner en longueur et en puissance avec un sol marno-calcaire, tandis qu’il sera plus fin avec le granite.

Le climat

L’Alsace, quoi qu’on en pense, possède un climat tempéré semi-continental qui lui offre des hivers rigoureux et des étés chauds. Les précipitations y sont faibles et les Vosges au Nord protègent le vignoble septentrional des vents atlantiques humides. L’exposition sud-sud-est est généralement favorable à la viticulture de la région.

Encépagement de l’Alsace

Du blanc, du blanc, du blanc

Bien que nous retrouvions du Pinot Noir et du Gamay pour produire du vin rouge et rosé, 90 % du vignoble alsacien est destiné aux cépages blancs. En allant du cépage le plus sec au cépage le plus opulent, on y trouve 6 cépages blancs principaux : Sylvaner, Pinot Blanc, Riesling, Muscat, Pinot Gris et Gewurztraminer.

On y trouve bien sûr d’autres cépages blancs, mais que je considère comme plus anecdotiques. Je pense par exemple au Chardonnay, utilisé exclusivement pour produire du crémant.

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La particularité des cépages nobles alsaciens

Quatre cépages sont considérés comme nobles en Alsace : le Riesling, le Gewurztraminer, le Pinot Gris et enfin le Muscat. Seuls ces quatre cépages peuvent être utilisés pour produire un vin liquoreux en Vendanges Tardives ou en Sélection de Grains Nobles. Ce sont aussi les cépages que l’on retrouve le plus souvent dans les Grands Crus de la région.

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Les particularités de la bouteille

Les vins alsaciens ont deux grandes particularités face au reste du vignoble français.

La première, vous l’aurez très certainement remarqué, réside dans la forme de la bouteille. La flûte alsacienne est fine et élancée. Techniquement, elle doit avoir un corps droit et cylindrique avec un col allongé dont la hauteur vaut près de cinq fois le diamètre de base. La partie cylindrique doit arriver approximativement au tiers de la hauteur totale. Cette bouteille est obligatoire pour les vins tranquilles.

La seconde particularité est la mention du cépage sur l’étiquette de la bouteille. Depuis la crise du phylloxera dans les années 60, la grande majorité des vins alsaciens sont monocépage. Cette précision nous donne de précieuses informations sur le style du vin sans avoir à retourner la bouteille. Deux exceptions à cette règle du monocépage : l’Edelzwicker et le Gentil.

Les particularités viticoles en Alsace

Comme je l’évoquais, il existe des exceptions à l’identification du vin par le cépage : l’Edelzwicker et le Gentil. L’Edelzwicker est la contraction du mot « Zwicker » désignant un assemblage et « Edel » qui signifie la présence de cépages nobles. Lorsque les cépages nobles représentent plus de 50 % du volume, le vin peut obtenir le nom plus valorisant de « Gentil ».

Traditionnellement, l’élevage du vin se fait pendant 6 à 12 mois dans un foudre de chêne. Ces fûts de grande dimension se transmettent de génération en génération et ne transmettent plus d’arômes boisés au vin.

Les vins blancs d’Alsace peuvent contenir des sucres résiduels, c’est-à-dire qu’une partie du sucre contenu dans le raisin n’a pas été transformée en alcool. Ces sucres, associés à une bonne acidité, participent à l’équilibre du vin. De plus en plus de vignerons indiquent désormais le degré de douceur du vin sur la contre-étiquette pour nous aider à choisir notre vin.

Les appellations et règlements

Bien entendu, il existe plusieurs niveaux hiérarchiques :

  • L’AOC Alsace : une appellation régionale très importante puisqu’elle représente plus de 70 % de la production viticole

  • L’AOC Alsace et une Dénomination Géographique particulière : depuis 2011, en répondant à des règles de production spécifiques dans une zone, le vigneron peut apposer à l’AOC Alsace le nom d’une commune ou entité intercommunale. En tout, 13 noms peuvent être indiqués : Bergheim, Blienschwiller, Côtes de Barr, Côte de Rouffach, Côteaux du Haut-Koenigsbourg, Klevener de Heiligenstein, Ottrott, Rodern, Saint-Hippolyte, Scherwiller, Vallée Noble, Val Saint-Grégoire, Wolxheim.

  • Le Lieu-dit : l’identification d’un lieu-dit délimité, mais non classé en grand cru répond à des règles plus strictes encore que pour les communales.

  • L’AOC Alsace Grand Cru et son nom de lieu-dit : 51 terroirs délimités et réservés aux cépages nobles constituent cette appellation. Les Grands Crus sont des vins répondant aux règles d’élaboration les plus strictes de la région

En plus de cette hiérarchie, nous retrouvons l’AOC Crémant-d’Alsace qui concerne les vins effervescents produits avec la méthode traditionnelle — autrefois appelée méthode champenoise —.

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La mention Vendanges Tardives — VT— est réservée aux quatre cépages nobles. Les Vendanges Tardives doivent présenter une richesse en sucre particulièrement élevée à la récolte et le vin ne peut être commercialisé qu’après 18 mois d’élevage. Pour que le sucre se concentre dans la baie de raisin, le développement du Botritis cinerea, aussi appelé pourriture noble, est nécessaire. Un phénomène d’évaporation va favoriser la concentration en sucre et en arômes, apportant à ces vins moelleux et puissance.

La mention Sélection de Grains Nobles — SGN— est elle aussi réservée aux 4 cépages nobles. Une richesse en sucre à la récolte doit être une nouvelle fois particulièrement élevée et ces vins ne peuvent être commercialisés qu’après 18 mois d’élevage. Ce vin obtenu par vendanges des grains atteints de pourriture noble, seules les baies les plus desséchées sont conservées grâce à des tris successifs. Ce surcroît de concentration rend l’intensité du cépage plus discrète au bénéfice d’une puissance, d’une complexité et d’une longueur en bouche remarquables.

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Économie du vignoble d’Alsace

Grâce aux 15’500 hectares de vignobles exploités par 4’000 exploitants, dont près de la moitié sont coopérateurs, c’est plus de 150 millions de bouteilles qui sont produites chaque année. L’Alsace a la particularité d’être la première région viticole pour l’achat direct au caveau. Au total, 74 % des bouteilles commercialisées se vendent sur le sol français, dont 25 % en vente directe. Les 26 % restants partent à l’export avec en tête la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Avec plus de 14 % des surfaces agricoles en bio, l’Alsace occupe la seconde place des régions viticoles bio en France.

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Jean-Nicolas Mouretin

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