Rudy Kurniawan, surnommé Docteur Conti pour sa passion pour la Romanée-Conti était considéré comme un des plus importants experts en œnologie du monde. En réalité, c’était le plus grand faussaire de vin… Découvrez son histoire.
Passionné par le monde du vin, Rudy Kurniawan a fini par cédé aux sirènes de l’argent. Rudy Kurniawan a possédé et dégusté de nombreux grands crus. Amoureux des vins de Bourgogne et de La Romanée-Conti, ce qui lui a valu son surnom de Docteur Conti, Kurniawan est devenu le plus grand faussaire, utilisant les vins mélangés et trafiqués pour alimenter son train de vie.
L’histoire folle de Rudy Kurniawan
Les faits ont fait le tour du monde et ont touché de nombreuses personnes dans le monde du vin. En août 2014, Rudy Kurniawan est condamné par la justice américaine à 10 ans de prison pour la contrefaçon de grands crus. C’est pas moins de 30 millions de dollars de grands vins qui sont concernés : Romanée-Conti, Montrachet, Meursault, Vosne-Romanée et j’en passe des plus belles…
Catherine Siméon, jeune productrice Dijonnaise est à l’initiative du documentaire retraçant l’affaire et décortiquant le marché très lucratif des grands vins. « Comme beaucoup, on a eu vent de l’affaire par biais de presse locale puis internationale. L’histoire nous semblait incroyable et on a décidé d’aller rencontrer Laurent Ponsot, le vigneron qui a débusqué l’affaire. De cette rencontre est née l’idée de faire quelque chose. »
Avec l’aide précieuse du vigneron du Domaine Ponsot à Morey-Saint-Denis, Catherine Siméon a rassemblé une foule d’éléments troublants. « Pendant quatre ans, on a mené une investigation parallèle. On a découvert des détails abracadabrants. C’était très intrigant, Rudy Kurniawan avait 10 passeports donc un féminin, personne ne savait d’où venait son argent… »
Vous vous demandez certainement pourquoi avoir choisi Jerry Rothwell comme réalisateur. Selon Catherine Siméon, « compte tenu de l’étendue de la fraude, entre la France et les États-Unis principalement, on a décidé d’aller chercher un réalisateur de langue anglaise, Jerry Rothwell. »Elle explique son choix : « On aimait ses œuvres et le ton décalé et ironique qu’il pouvait adopter. Il a vite accepté le projet et s’est lancé dans l’aventure à 150 %. Pour tout vous dire, il n’est pas un grand amateur de vin à la base. Mais c’est tant mieux, je ne voulais pas d’un réalisateur trop proche de notre culture. Un Français, a fortiori Bourguignon, n’aurait pas eu la distance suffisante pour traiter le sujet. Là, j’étais certain qu’il y aurait un regard neuf, presque « naïf » sur l’affaire. »
Un véritable carton outre-Atlantique
C’est durant le procès de Rudy Kurniawan que Ruben Atlas, un jeune réalisateur américain, s’est ajouté à l’équipe du film. « On s’est dit que c’était malin de mutualiser nos forces. En plus, il connaissait le travail de Jerry et on les sentait sur la même longueur d’onde. C’était un vrai travail d’équipe. Et il y avait du boulot : on est allés jusqu’en Asie… »
Une telle production ne se fait pas toute seule. La région Bourgogne a consenti une aide financière de 50’000 €. « Et il fallait impérativement trouver un partenaire diffuseur pour avoir les fonds suffisants et la garantie de passer sur les écrans. » Le film est un véritable succès au Canada : « Il fait le buzz là-bas ! Il est projeté au cinéma en ce moment, et les salles rajoutent des séances. Pour l’instant, on a très largement multiplié par quatre les sommes engagées. »
Le procès de Rudy Kurniawan, faussaire en grands crus © Jane Rosenberg |
Un petit synopsis ?
Depuis 15 ans, le marché des grands crus millésimés a explosé, attirant toutes les convoitises, notamment celle des faussaires. Touché par la contrefaçon de ses millésimes, Laurent Ponsot, vigneron bourguignon du prestigieux Domaine Ponsot à Morey-Saint-Denis, se rend aux États-Unis pour organiser la riposte. Il se retrouve vite face à un mystérieux vendeur d’origine indonésienne : Rudy Kurniawan.
Ce jeune homme de 23 ans se présente comme un riche hériter. Il est adossé à une grosse maison de vente de vin qui a grandi de façon exponentielle, en organisant d’immenses enchères où les vins se vendent des millions de dollars. L’enquête de Laurent Ponsot progresse et attire rapidement l’attention d’un des plus gros collectionneurs américains, Bill Koch, spolié lui-même de millions de dollars. Bill a embauché un détective privé et déposé une plainte auprès du FBI. Le vigneron et le collectionneur démontent les rouages d’une incroyable manipulation menée par l’improbable spécialiste, le jeune Rudy, au palais incroyable, devenu en peu de temps le protégé des producteurs hollywoodiens et des cadors de la finance. Derrière lui, un mystérieux réseau de riches Chinois d’Indonésie qui ont vidé les caisses des banques qu’ils dirigeaient à Jakarta.
Ce documentaire racontant l’ascension et la chute de Rudy Kurniawan, soulève de nombreuses questions sur les marchés du luxe. Avec de film, vous allez découvrir la brusque mutation d’un marché des grands vins qui brasse désormais des sommes folles. L’occasion aussi de pénétrer le microcosme des richissimes amateurs de grandes bouteilles, à la fois crédules et sympathiques. Une réflexion édifiante sur un secteur en panne de régulation et sur les critères fragiles qui déterminent la valeur d’un objet luxueux.
Rudy Kurniawan, passé du connaisseur à l’arnaqueur, laisse derrière lui 100 millions de dollars de faux vins qui dorment dans les caves du monde entier. Si vous êtes amateur, un seul conseil, méfiez-vous de ce que vous achetez !
Rudy Kurniawan : Le film en question
Raisins Amers n’étant malheureusement plus disponible, je vous propose ce documentaire relatant l’histoire.
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