Coup de tonnerre dans le Saint-Emilion : le premier grand cru classé Château Figeac a été condamné à perdre deux de ses marques prestigieuses !

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Le Tribunal de grande instance de Bordeaux a prononcé, fin novembre, la perte des droits du château sur les marques « Château Figeac » et « Château de Figeac » ainsi que leur radiation sous 3 mois au registre national des marques. Cette décision peut surprendre, car le domaine gagne depuis plusieurs années sa lutte judiciaire contre les propriétés viticoles utilisant le nom « Figeac ».

Domaines proches de quelques mètres

Dans ce dossier, le Château s’attaquait à un voisin proche de seulement 500 mètres : Richard Moreaud. Ce dernier est le propriétaire des marques « château Cormeil-Figeac » et « château Magnan-Figeac ». Pour lui, cette volonté d’interdire l’utilisation de la dénomination « Figeac » est « est une histoire idiote ».

Sans préavis, le domaine a reçu une assignation en 2012. « On cohabite depuis un siècle puis tout à coup, ils se sont mis à nous attaquer. Pourquoi ? On ne leur fait pas de concurrence parce qu’on n’a pas du tout le même positionnement, ils sont premier grand cru classé, nous on est grand cru. Les prix sont totalement différents, les étiquettes sont totalement différentes », a expliqué M. Moreaud.

« Le Château veut avoir le monopole du nom et ne veut pas qu’il y ait des crus qui puissent utiliser leur nom malgré les droits historiques que l’on a », s’est-il défendu, précisant qu’il a « des actes notariés qui font référence du XVIIe et XVIIIe siècle ».

La seule discussion eut lieu le 27 septembre dernier lors de l’audience. Résultat de cette bataille : les deux parties ont été condamnées par le tribunal.

Concernant le Château Cormeil-figeac, détenu par la famille Moreaud, le tribunal n’a pu établir que « les parcelles de vigne dont ils sont propriétaires proviennent du domaine originel, démembré au XIXe siècle. »

Du côté de l’agressif Château, il n’a pas été capable d’apporter la preuve que les vins commercialisés sous les noms de « Château Figeac » et « Château de Figeac » étaient vinifiés dans des conditions excluant tout mélange avec les autres vins du domaine, notamment « Petit-Figeac » et « La Grange Neuve de Figeac », perdant ainsi leurs deux marques les plus connues.

Silence radio à Figeac

Bien entendu, chacune des parties a fait appel de la décision judiciaire. Malgré ce match nul, Richard Moreaud y voit une belle victoire : « C’est la première fois que le Château a été contré dans un de ces procès. Nous ne sommes pas dépités, nous sommes plutôt fiers. Mais ce qu’on voudrait surtout, c’est en finir avec cette histoire à la con. Nous, nous sommes un tout petit cru avec des prix assez bas. On ne leur fait pas ombrage… »

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Le château se montre bien moins loquace que son adversaire. Le domaine confirme l’appel de la décision judiciaire, mais ne souhaite pas « la commenter, l’affaire étant en cours d’instruction. » Dans les mois qui viennent, un nouveau procès devrait donc avoir lieu devant la Cour d’appel. Les domaines portant le mot « Figeac » sauront s’ils peuvent garder leur nom. Une décision qui va donc être suivie de très près !

« Protéger la marque de nos vins »

Le château a toutefois expliqué : « Nous engageons des actions afin de protéger la marque de nos vins. C’est comme dans toute entreprise. Du point de vue commercial, il est essentiel de protéger sa marque. »

Poussé par ce principe, le château est passé à l’offensive, engageant des procédures judiciaires contre ses voisins depuis plus de 10 ans. En novembre 2012, plusieurs domaines ont perdu la guerre judiciaire menée par le domaine. Le domaine Rocher-Bellevue-Figeac et ses marques La Croix-Figeac et Pavillon La Croix-Figeac se sont déjà vu interdire l’utilisation du terme « Figeac ».

« Ici, il y a des Figeac partout, livre Richard Moreaud, propriétaire du château Cormeil-Figeac. On peut en compter une trentaine ! Mais « Figeac » ne souhaite pas partager et veut l’exclusivité du nom. Pour autant, nous n’avons pas de visée vengeresse. On veut simplement plaider notre cause, qui nous paraît juste. Nous ne sommes vraiment pas procéduriers. »

Jean-Nicolas Mouretin