Durant une dégustation des primeurs bordelais, j’avais osé demander à un vigneron pourquoi les prix du millésime 2016 étaient si élevés. Il commença, bien entendu, par me dire que les prix étaient ajustés à la qualité vin : « Un bon millésime est forcément plus onéreux ». Puis, il m’avoua à demi-mot qu’ils craignaient le pire sur le millésime 2017. Que craignait-il vraiment ?

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Une production de vin en baisse

Pour le ministère de l’Agriculture, la récolte 2017 sera « historiquement basse ». Une bien mauvaise nouvelle quand on sait que le secteur viticole est un des principaux moteurs de l’économie Française.

Pour le moment, nous ne pouvons pas encore juger la qualité du millésime 2017, mais une chose est certaine : la quantité ne sera pas au rendez-vous. Agreste, le bureau des statistiques du ministère de l’Agriculture a annoncé dans sa dernière parution que la récolte du raisin pourrait être « historiquement basse » cette année. Cette baisse significative est imputable à une météo peu clémente. Le gel du printemps n’a pas épargné beaucoup de régions viticoles françaises. Il a laissé sa place à une sécheresse importante sur une grande partie de l’Hexagone.

Résultat, Agreste estime que la récolte de cette année s’élèvera difficilement à « à 37,2 millions d’hectolitres », soit une baisse de 18 % de la récolte par rapport à 2016 et une baisse de 17 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Ces chiffres sont des estimations ayant déjà été revues à la baisse en juillet et les premières vendanges semblent encore plus basses que prévu. Pour Jérôme Despey, viticulteur et président du conseil spécialisé vin FranceAgriMer, 2017 risque d’être « la récolte la plus petite depuis 1945 ».

Une réduction du volume récolté pourrait avoir des conséquences financières importantes sur la filière viticole, secteur crucial pour l’économie française.

Cette année, les vendanges ont démarré extrêmement tôt. Dans certaines régions comme à Frontignan, les vendanges ont commencé aux environs du 2 août ; à Rivesaltes, c’était même en juillet. Du jamais vu en France, car c’était le seul moyen pour garder un peu d’acidité dans les vins.

Le gel frappe de manière aveugle. Bordeaux fut la région la plus touchée, avec la Loire, le Chablisien enregistre une perte entre 15 et 30 %, le Sud-Est et l’Alsace sont aussi touchés. Le Midi quant à lui a connu une sécheresse difficile et le Languedoc-Roussillon une vendange extrêmement faible.

Les grands pays producteurs (Italie, Espagne et Allemagne) ont également souffert du gel et de la sécheresse. Selon FranceAgriMer, la vendange s’élèverait à 148 millions d’hectolitres pour l’Union européenne, soit une baisse de 12 % sur la moyenne quinquennale.

Une consommation en berne

Si les produits viticoles français se vendent très bien à l’étranger, ils restent surtout très populaires à l’intérieur des frontières, puisque 60 % des vins et des spiritueux sont consommés en France. En moyenne, un Français boit 42 litres de vin par an. La consommation a fortement chuté depuis les années 1960, où la moyenne était de 100 litres par an et par personne, mais elle reste supérieure aux autres pays européens.

La consommation de vin en France devrait se réduire jusqu’en 2020, surtout pour le vin rouge, tandis que la consommation mondiale continuerait de progresser légèrement, selon une étude Vinexpo/IWSR (International Wine and Spirit Research). Toujours selon cette étude, de 100 litres par an, la consommation par habitant est passée à 47 litres l’an passé et devrait être de 43,63 litres d’ici 2020. Le Portugal deviendrait alors le premier consommateur mondial de vin avec 49,79 litres par habitant.

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Les Français boivent de moins en moins d’alcool et le vin n’échappe pas à la règle. De plus, le nombre de non-consommateurs est quant à lui en augmentation.

La tendance se confirme un peu plus chaque année. Les Français achètent de moins en moins d’alcool. En 2016, ils en ont acheté 71 litres presque deux litres de moins qu’en 2015. Au total sur dix ans, la baisse est de dix litres par an et par foyer. Une tendance qui s’explique notamment par le choix de la qualité. En effet, si la quantité décline, le budget annuel des ménages lui ne baisse presque pas. Les Français dépensent environ 327 euros par an dans l’alcool. S’ils aspirent à boire moins, ils aspirent également à boire mieux — en tout cas, je l’espère —.

Les Français sont toujours attachés au vin rouge qui occupe toujours plus de la moitié des parts de marché, mais la tendance est à la baisse avec une prévision de – 12,47 % d’ici trois ans. Le blanc n’est pas en reste avec une baisse prévue de 4,26 %. Les grands gagnants à l’horizon 2020 sont le rosé qui représente 30,8 % des parts de marché (+ 0,52 %) et surtout les vins effervescents (+ 4 %).

Les produits étrangers se valorisent

La concurrence des vins étrangers est de plus en plus forte. Tandis que les vins tranquilles étrangers ne connaissent pas encore une demande importante, les vins que la France va consommer plus sont aussi ceux qui sont de plus en plus importés.

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Le Prosecco bénéficie depuis quelques années d’une image décontractée. On constate chez les cavistes comme dans les bars une demande de plus en plus forte pour le Prosecco au détriment du crémant qui semble avoir plus de peine aujourd’hui à se valoriser. Ce mode de consommation est novateur et apporte de la fraîcheur dans un monde du vin plutôt traditionnel.

Le rosé n’est pas en reste, puisque les Français boivent tellement de rosé qu’ils doivent en importer. Selon l’Observatoire économique mondial des vins rosés, la France pèse pour près d’un tiers de la production mondiale de rosés avec 7,3 millions d’hectolitres produits en 2015. En parallèle, la consommation de vins rosés en France a atteint près de 8,2 millions d’hectolitres la même année. Puisque la France exporte 16 % de sa production de rosé, elle doit en importer pour alimenter le marché intérieur. Elle devient dès lors le premier pays importateur au monde avec 23% des volumes.

Le millésime 2017, année dangereuse pour le vin français

La production n’a jamais été aussi basse et la qualité risque bien de ne pas être au rendez-vous cette année. Avec une consommation en baisse, les Français se tournent de plus en plus vers des produits étrangers. Vous l’aurez compris, je pense sincèrement que le millésime 2017 risque d’être une année particulièrement difficile pour de nombreux acteurs du monde du vin en France…

Et vous, pensez-vous comme moi que le vin français est en danger ? Donnez-moi votre avis en commentaire.

Jean-Nicolas Mouretin

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