Mesdames et Messieurs, bienvenue à l’événement le plus attendu de l’année ! Pour arbitrer ce match d’anthologie nous avons fait appel au juge Beaux-vins, blogueur vin. Dans le coin rouge, le champion en titre depuis la fin du 17e siècle : bouchon en liège ! Pour lui faire face, le suisse de plus en plus présent sur le ring depuis les années 70, je vous présente Capsule à vis !

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Le bouchon de liège est LA super star des bouchons : il détient 60 % du marché. Mais pourrait-il être détrôné par la capsule à vis qui semble gagner de plus en plus de combats ?

Le bouchon de liège : un poids lourd à la double personnalité

C’est vrai que le bouchon de liège a son attrait. Que serait une dégustation sans un tire-bouchon et ce petit « Poc » si doux à nos oreilles lorsque l’on débouche la bouteille ? Mais le côté gentil ne s’arrête pas là ; sa plus grande force est sa capacité indétrônable (pour le moment) à favoriser les échanges gazeux nécessaires au vieillissement du vin dans les meilleures conditions et ce pendant 25 ans, ensuite il est nécessaire de faire rebouchoner votre vin par le producteur. En plus, il est biodégradable et peut être facilement revalorisé par le consommateur : DIY bouchons.

Cependant, le bouchon de liège a une deuxième personnalité beaucoup moins sage. Il est responsable dans 95 % des cas du goût de bouchon (lien vers l’arôme du jour de la page Facebook Beaux-Vins). La molécule TCA se développe sous l’action du chlore sur le liège. D’après une étude réalisée par l’Institut Français de la Vigne et du Vin, 5 à 8 % des bouteilles vendues sur le marché français sont bouchonnées. Cela peut aller d’une simple détérioration des qualités du vin jusqu’à donner un très mauvais goût de renfermé. Bien que le Poc du bouchon soit un doux moment d’extase, c’est aussi une petite crise d’anxiété où la peur peut nous assaillir. Tout le monde a connu au moins une fois ce moment amer lorsque le bouchon se casse ou se fragmente… Le liège est aussi responsable du phénomène de couleuse pendant la période de vieillissement de votre vin (lorsque de petites larmes de vin traversent le bouchon parce qu’il n’est plus étanche).

La capsule à vis : un poids plume prêt à en découdre

La capsule à vis ne sera jamais responsable du goût de bouchon puisqu’il n’y a pas de liège et par conséquent pas son compagnon de ring : la TCA. Le seul risque de goût de bouchon peut provenir du fût, soit 5 % des cas. Il présente aussi l’intérêt de s’adapter parfaitement à la consommation moderne : des achats occasionnels pour une consommation dans l’année. Grâce à son entraînement, il s’est doté d’une nouvelle capacité : il est désormais possible pour le vigneron de réguler à sa guise le niveau d’oxygénation du vin lors de son embouteillage.

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Le gros point faible de cet adversaire redoutable est certainement son image de boxeur du dimanche. Avec lui, adieu la petite émotion de l’ouverture de la bouteille. La tradition a encore une place très grande dans la mentalité des consommateurs de vin : liège, terroir, lourde bouteille en verre, étiquette sobre. Notre poids plume à une image de vin bas de gamme qui lui colle à la peau et c’est dur de s’en débarrasser.

Les vins du Nouveau Monde n’ont pas ce problème d’héritage et de tradition. C’est pour cela que 90 % des vins de Nouvelle-Zélande et 60 % des vins d’Australie sont fermés par des capsules à vis. Il a aussi une fameuse tendance à éviter les échanges entre le vin et l’oxygène, ce qui peut entraîner un phénomène de réduction du vin avec pour résultat une odeur d’œuf pourri.

Le match de boxe se transforme en match de catch

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La capsule à vis assène des coups violents à notre poids lourd. Gauche, droite, gauche. Le bouchon en liège commence à vaciller… le combat va-t-il se finir là ? Non, voilà que surgissent deux nouveaux combattants qui se jettent sur le ring pour combattre aussi : et c’est Bouchon en plastique et… un parfait inconnu. Le juge référant Beaux-Vins, laisse le match continuer.

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Le bouchon en plastique : loin d’être votre meilleur ami

Il faut quand même bien lui trouver quelques qualités parce qu’il est souvent présent dans ce genre d’évènement. Sa plus grande qualité c’est de ne pas être responsable du goût de bouchon vu qu’il est fait en plastique. Il présente aussi un intérêt non négligeable pour le producteur, c’est son coût de seulement 15 cents contre 40 cents pour le bouchon en liège.

Mais dans le genre boxeur agressif prêt à vous croquer l’oreille à la moindre occasion, il est le roi. Selon des spécialistes, le plastique est responsable du vieillissement prématuré du vin et peut donner des arômes chimiques à notre précieuse boisson. En plus de cela, il est totalement incompatible avec les vins de garde, car sa durée de vie est de seulement 18 mois et il est parfaitement incontrôlable quand il s’agit de l’oxygénation.

L’inconnu du combat se dévoile : le bouchon à base de dérivé de canne à sucre Select Bio

Depuis 2013, ce petit combattant attend son heure venir. Il attend caché dans le noir le bon moment pour bondir sur ses compétiteurs.

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Pour dire la vérité, ce n’est pas vraiment un boxeur. Il est plutôt pied tendre à chanter des chansons accompagnées d’une guitare autour d’un feu de camp. Le leader mondial du bouchon synthétique, Nomacorc, a développé un bouchon à base de polymères de plantes dérivées de la canne à sucre.

Vu que c’est un pied tendre, il est aussi très à cheval sur l’écologie. Sa matière première est durable et présente aussi une empreinte carbone nulle. Selon la société « chaque tonne de canne à sucre consomme 3 kg de CO² ». Sa production affiche donc une empreinte négative à cette étape de la production. L’usine de production, localisée en Belgique, utilise des énergies renouvelables pour alimenter les locaux. Après transport, le bilan est nul alors que celui du bouchon synthétique dépasse 12 g de CO².

Son prix est aussi très intéressant : comme nous l’avons vu plus haut, un bouchon en liège peut coûter jusqu’à 40 cents pour le producteur et le bouchon synthétique 15 cents. L’objectif du bouchon Select Bio est d’être vendu 15 % plus cher qu’un bouchon synthétique, ce qui reste en dessous de celui en liège.

Vous avez bien compris que ce pied tendre va ravir les producteurs et consommateurs de vin bio et a certainement de beaux jours devant lui.

Résultat du combat : on ne détrône pas si facilement un champion poids lourd

La cloche vient de sonner la fin du match et l’arbitre s’approche du juge pour connaître le résultat. Le juge lève la main de notre champion. Et c’est une nouvelle fois le bouchon en liège !

Nous avons entendu en coulisse qu’il n’allait pas quitter le ring sans combattre, mais que l’avenir se faisait de plus en plus incertain pour lui. Avec l’évolution des mentalités des consommateurs, l’habitude qu’auront les jeunes générations à voir en rayon des vins dotés de capsules à vis et l’entrée de jeunes compétiteurs comme le bouchon Select Bio, il risquerait d’avoir des difficultés à conserver son avantage de poids lourd sur le ring.

Jean-Nicolas Mouretin
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