Je vous parlais du possible assouplissement de cette fameuse loi décriée en juin dernier dans l’article : Et si l’assouplissement de la loi Evin était une bonne chose ?
L’article 225 de la loi Macron, qui prévoyait ce fameux assouplissement, a été rejeté par le Conseil Constitutionnel cet été. Mais la proposition est revenue à l’assaut hier (15 septembre) et semble avoir gagné une première bataille.
L’Assemblée nationale, prochaine bataille pour l’assouplissement |
Le Sénat modifie la loi Evin pour de bon
Le Sénat a accepté l’amendement permettant de modifier cette loi pour distinguer la publicité sur les boissons alcooliques et l’information œnologique, et ce au nez et à la barbe du gouvernement en opposition. Au total, 287 des 320 sénateurs présents ont approuvé le texte. Sur les 348 sénateurs — normalement — présent au Palais du Luxembourg, cela représente une — légère — majorité de 82 % !
Quel est le contenu de cet amendement de la loi Evin ?
Ce texte vise à clarifier la loi pour que les « contenus journalistiques ou œnotouristiques consacrés à une région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique » ne soient pas assimilés à de la publicité. L’objectif est bien entendu d’éviter le flou juridique qui existait jusqu’alors, entraînant les journalistes et professionnels du secteur à s’autocensurer pour éviter de faire face à la justice.
« Est considérée comme propagande ou publicité, au sens du présent livre, une opération de communication effectuée en faveur d’un produit ou service, relevant de l’activité d’une personne ayant un intérêt à la promotion dudit produit ou dudit service et susceptible d’être perçue comme un acte de promotion par un consommateur d’attention moyenne. »
Qui sont les opposants et quelle est la suite de cette guerre ?
La ministre de la Santé, Marisol Touraine est évidemment opposé à ce texte rappelant que 50’000 personnes décèdent chaque année dû à l’alcool. Selon elle, la publicité pour le vin existe déjà et la loi permet un juste équilibre favorisant la promotion de l’œnologie. Lundi, une vingtaine d’associations de prévention se sont mises d’accord pour fermement s’opposer à cette évolution de la loi Evin et « qu’aucune décision contraire à la santé publique ne soit inscrite dans une loi destinée à promouvoir la santé » tout en dénonçant le « coup de force du lobbying des alcools ». Les alcoologues avaient pris part au débat en rappelant que « les dépenses de publicité pour les boissons alcoolisées n’ont cessé de croître pour atteindre 460 millions d’euros en 2011, soit bien au-delà des 3,5 millions de crédits consacrés à la prévention en ce domaine ».
La dernière étape — et pas des moindres — est le passage du texte au vote de l’Assemblée nationale afin de pouvoir entrer en vigueur. Les députés vont donc trancher la question dans quelques semaines et la fin n’est qu’incertaine.
L’avis de Beaux-vins
Je ne suis pas là pour vous imposer une façon de pensée, mais plutôt à éveiller votre curiosité et à vous faire votre propre avis.
Selon moi, l’éducation à boire du vin est une bonne méthode pour lutter contre l’alcoolisme. Plutôt que de punir, l’apprentissage du vin par le tourisme ou l’œnologie enseigne à mieux le consommer — boire moins, mais mieux —, à remettre le vin en accord avec un repas et à sensibiliser aux risques de la consommation irresponsable. Aujourd’hui, il est presque impossible d’émettre un avis positif sur le vin sans que cela soit considéré comme une incitation à l’abus d’alcool. Loin de faire baisser l’alcoolisme en France, je me demande si les lois anti-vin n’en seraient pas finalement la conséquence. Le Sénateur de l’Aube allant même jusqu’à mentionner « que les régions viticoles sont celles où la proportion des maladies alcooliques est la plus faible. Cela s’explique certainement par une éducation à une consommation responsable et modérée. »
Dans une lettre du 3 août 1931, le ministre de l’Instruction Publique Marius Roustain déclarait « Rien ne vaut mieux pour combattre l’alcoolisme que d’encourager l’usage modéré du vin, car ceux qui font du vin leur boisson quotidienne échappent à l’invincible besoin de le remplacer par l’alcool. »
Et vous qu’en pensez-vous ?
Jean-Nicolas Mouretin
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