Connaissez-vous le vin au cannabis ? De quoi rassembler les amateurs de bonnes bouteilles et les amoureux d’herbe ! Découvrez cette tendance avec Beaux-Vins…

Je parlais il y a peu de se détendre avec un verre de vin avec son chat ou encore de la chanson Raclette, Fumette, Bicyclette dans l’article sur les accords raclette et vin alors je me suis dit « et si je parlais du vin au cannabis ? ». Cet article ne constitue en aucun cas un avis personnel sur le sujet. Je m’efforce seulement de présenter de la façon la plus neutre possible un état de fait. Je rappelle toutefois que le vin est un produit à consommer avec modération et la drogue un produit à ne pas consommer du tout.

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Vin et cannabis, une alliance vieille comme le monde

D’après les archéologues, les premières traces de vin fortifié au cannabis remontent à 3.700 ans en arrière. Cette boisson était originellement utilisée à des fins religieuses et comme anesthésiant pour les opérations.

L’utilisation médicale remonte au 28e siècle avant J-C. En Chine, durant le deuxième siècle de notre ère, les archéologues ont trouvé des registres indiquant que le fondateur de la chirurgie chinoise, Hua Tuo, utilisait du vin fortifié avec de la résine de cannabis pour réduire la douleur pendant la chirurgie. — sur la peinture en dessous le général joue tout de même à un jeu de plateau en se faisant opérer le bras… ça devait être balaise comme cocktail —.

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Selon Carl Ruck, professeur d’études classiques à l’Université de Boston, les initiés de différentes religions ont également bu du vin psychoactif dans le cadre de leur pratique. Les participants dans les Mystères d’Éleusis dans la Grèce antique et les premiers chrétiens — c’est le sang du Christ, mon fils — sont deux des groupes les plus connus d’utilisation de vin au cannabis infusé, mais sont loin d’être les seuls.

D’après le Smithsonianmag, une nouvelle preuve de cette pratique a été apportée en 2013 lors de la découverte d’une cave à vin, remontant à 1.600 av. J.-C., en Israël actuel. À l’intérieur de cette salle se trouvaient les restes de 40 pots ayant contenu du vin. Après analyse, les scientifiques ont découvert des traces d’herbes aromatiques, de miel, des baies ou des résines psychotropes.

Du vin au cannabis chez nos ancêtres les Gaulois ?

Dans une tombe gauloise, des archéologues ont découvert un vase contenant du vin infusé au chanvre. En Europe, c’est la toute première fois que l’on découvre du cannabis sativa dans une tombe. Les archéologues estiment que ces fragments végétaux, tout comme la résine, ont pu être ajoutés au vin pour l’aromatiser et certainement lui donner un effet psychotrope.

Qui était ce Gaulois consommateur de cannabis et amoureux de bon vin ? Enterré à la fin du 2ème siècle av. J-C., le sexe du corps n’a pas été identifié. On sait cependant qu’il avait entre 40 et 60 ans à sa mort.

Cette découverte fait écho à une précédente : en octobre 2016, un squelette enterré dans un linceul de cannabis a été trouvé à Tourfan dans le nord-ouest de la Chine. La présence de cette plante pouvait, d’après les chercheurs, être à usage médical.

Un retour en grâce aux États-Unis

La tradition du Vin infusé au Cannabis à commencé en Californie dans les années 70. Il était majoritairement produit avec du Vin rosé pour être consommé discrètement. Le coût de production élevé et les risques liés a sa consommation encore importants, il était difficile d’en posséder sans le produire soi-même. Aujourd’hui, les vins rouges sont privilégiés avec des cépages comme le Pinot Noir et l’utilisation d’une variété hybride d’herbe Sativa/Indica. Il est possible de trouver aussi les cépages Syrah, Cabernet, Grenache, Viognier ou Chardonnay.

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La toute première société à produire en 2013 — officiellement — ce breuvage s’appelle Mary Jane Wines. Ce vin est spécialement indiqué pour des raisons médicales — plus que récréatives —, car il n’y a pas de chauffe, il est simplement pressé à froid ou résulte de la fermentation de feuilles de cannabis dans le fût. La THC du cannabis n’a pas conséquent pas les mêmes effets sur le corps. L’effet est plus lent, plus durable et subtil. Il n’y a pas d’euphorie pour le consommateur, mais un sentiment de détente. Il se destine en premier lieu aux personnes atteintes de troubles du sommeil ou de problèmes d’anxiété.

Blog Beaux-Vins dégustation déguster oenologie vin cannabis Mary Jane Wine

Ce qui a permis le retour sur la pointe des pieds du vin infusé au cannabis aux États-Unis est évidemment l’évolution de la législation qui dépénalise de plus en plus la consommation de cette drogue. Le Colorado, Washington, l’Oregon, l’Alaska et le District de Columbia ont adopté des mesures légalisant la consommation de marijuana, 14 États ont décriminalisé certains montants de possession et 23 États, plus DC ont légalisé la consommation médicale.

Le vin au cannabis aussi présent en Europe

La législation Espagnole étant moins restrictive depuis 2007, un vigneron Catalan produit une partie de son vin — 600 bouteilles tout de même — en faisant infuser du cannabis dans ses cuves. Légalement, il est interdit d’en faire commerce, mais la culture de cette plante controversée n’y est plus interdite. L’expérience du vigneron semble avoir révélé quelques avantages à cette pratique pour les qualités gustatives et pour la conservation du vin. Le souffre a fini par se montrer parfaitement inutile et donc a été supprimé dans le processus de vinification. Un vigneron français ayant ramené une bouteille de ce vin chez lui a analysé les qualités gustatives du vin après ouverture. Selon lui, le vin n’avait subi aucune altération après un an de consommation régulière.

Joseph Ducreux - Le Discret
Joseph Ducreux, Le Discret, 1790

Mais l’hexagone n’est pas en reste avec le vin à la weed. Vous dire « aucun vigneron ne produit ce genre de breuvage en France » serait vous mentir. Elle se fait dans la plus grande discrétion et la vente en sous-main. La législation française sur cette drogue reste très pénalisante — à tort ou à raison — et ne risque pas d’évoluer de si tôt. La législation sur l’alcool est aussi très rigide et on a pu le constater il y a peu avec la difficulté d’assouplir la loi Evin.

Il n’y a donc aucune chance pour que l’on puisse voir un jour ce genre de produit en France et ce n’est pas plus mal. Il est aussi possible de faire le mélange directement chez soi et il existe même des accords vins/weeds. — mélanger alcool et drogue étant un cocktail très dangereux je ne m’étendrais pas plus sur le sujet

Jean-Nicolas Mouretin

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