Les vins bio connaissent un engouement, mais savez-vous ce qui distingue un vin bio d’un vin conventionnel ?
C’est vrai que la question peut se poser et de celle-ci plusieurs peuvent surgir. Comment bien le choisir ? Est-il meilleur qu’un vin classique ? Est-il possible de trouver un grand vin bio ?
Les vins bios commencent à se faire une place dans les linéaires. Aujourd’hui, un français sur trois consomme du vin bio et plus 8 % du vignoble français est certifié bio.
Pourtant, d’après un sondage réalisé par nos soins auprès d’un panel de 126 personnes âgées entre 18 et 35 ans — que l’on appelle génération Y —, la moitié déclare ne pas accorder d’importance aux vins bios. Pourquoi un tel désamour face à la promesse d’un vin plus respectueux de l’environnement et du consommateur ?
Qu’est-ce qu’un vin bio ?
Un vin bio est un vin issu de l’agriculture biologique, par essence plus respectueuse de l’environnement. Pour obtenir la certification bio, le vigneron s’impose de ne pas utiliser les engrais chimiques, pesticides chimiques et autres OGM, dans ses vignes. Le vigneron s’engage aussi à n’utiliser que des ingrédients certifiés bios pour vinifier le vin –comme les raisins, le sucre ou l’alcool-. Pour garantir aux consommateurs le respect de ces engagements au moins un contrôle par an est réalisé pour conserver la certification bio.
Pourquoi opter plus souvent pour un vin bio ?
Un vigneron qui décide de produire un vin bio est avant tout un vigneron engagé. Sa philosophie dirige l’ensemble de son activité pour protéger au maximum l’environnement que ça soit la faune, la flore, le sol ou les eaux tout en produisant un vin de qualité pour un coût abordable pour le consommateur.
Comment savoir qu’un vin est bio ?
Pour le savoir, l’étiquette sera votre meilleur allié. Un vigneron biologique ne se privera pas de vous le faire savoir en indiquant sur la bouteille « vin bio » ou « vin biologique ». Le label AB que vous connaissez bien n’est plus obligatoire depuis 2012. Certains vignerons continuent de l’indiquer, mais ce n’est pas systématique. Par contre, depuis cette date le « label bio européen » a vu le jour et est obligatoire.
Le vin bio est-il meilleur ?
C’est là toute la difficulté de la chose. Comme pour tous les vins, il y en a des bons et des moins bons.
En règle générale, les vins bios ont une belle minéralité naturelle, un meilleur équilibre en bouche avec une intense expression aromatique. En plus, les vins bios contiennent moins de sulfites donc moins de risque d’avoir mal à la tête le lendemain — bon tout dépend de la raison du mal de tête aussi —.
En général, la longueur en bouche — la persistance des arômes en bouche — est plus longue dans les vins biologiques puisque le vigneron n’utilise pas de levures aromatiques. Le vin dépend des techniques de vinification utilisées par le viticulteur et son œnologue. Le choix de cépages, de l’assemblage réalisé, du mode d’élevage voulu. Tous ces facteurs entrent en ligne de compte dans la qualité du vin et peuvent jouer en faveur comme en défaveur de sa qualité.
Est-il possible de trouver un grand vin bio ?
Les vins bios progressent de plus en plus dans les classements des différents concours viticoles. Les grandes appellations s’engagent de plus en plus sur la voie de la viticulture biologique et c’est une bonne chose. Les nouvelles générations de viticulteurs, agronomes ou œnologues ont été sensibilisées depuis leur plus jeune âge aux enjeux écologiques et reprennent de plus en plus le flambeau « bio » que leurs aînés ont commencé à développer en France.
Quelle différence entre bio, biodynamie et vin naturel
Les vins biologiques
On est loin de l’époque où les vins bios étaient produits par des marginaux illuminés allant à contre-courant de ce qui se faisait. Aujourd’hui, de plus en plus de vignobles sont certifiés bio ou sont en passent de le devenir. Il n’est pas question pour moi de dire que les vins bios sont par nature meilleurs, mais qu’il existe bel et bien des vins bios aussi bons, voire meilleurs que certains vins conventionnels — et franchement ça serait dommage de s’en passer —.
[Valable avant 2012] Il faut cependant ne pas non plus se voiler la face. La qualité de vin biologique n’est appliquée que sur le travail de vendange — soit la viticulture —. Rien n’empêche le viticulteur d’utiliser une batterie de produits chimiques au chai et d’avoir le droit d’apposer l’étiquette « vin bio ». Dans la pratique, le viticulteur à dépenser du temps et de l’énergie — et de l’argent — dans la viticulture pour qu’elle soit bio et reconnue comme telle, qu’il serait insensé d’imposer à son vin une vinification classique.
[Valable après 2012] La Commission Européenne a créé en 2012 le label européen de vin bio. Ce label impose des règles de vinification strictes : une limite de l’utilisation du soufre — tout de même 100mg/L pour les vins rouges et 150mg/L pour les vins blancs —, l’interdiction d’utiliser de l’acide sorbique ou différentes techniques de vinification comme la cryoconcentration. Toutefois différents produits et méthodes controversés — pour bon nombre de vignerons bios — restent autorisés comme les levures aromatisées, les copeaux de bois pour les pays qui l’autorisent ou encore la thermovinification pouvant aller jusqu’à 70 °C. Le risque de voir se développer une multitude de vins bios industriels est accru avec des règles si peu restrictives.
Des modes de viticulture différents
Vin naturel
Après quelques recherches sur cette notion de « Vins Naturels », on se rend vite compte qu’il n’existe pas une définition claire et encore moins de législation pour l’encadrer. Il semblerait qu’un début de consensus se soit formé pour définir un vin naturel comme un vin auquel on ne devrait pas ou peu ajouter de soufre lors de sa vinification. — je vous disais que c’était vague — Par contre, s’il y a bien une chose qui est sûre c’est que naturel ne signifie pas bio.
Selon moi le terme de Vin Naturel devrait être remplacé par Vin Nature. Le mot Naturel laisse à penser que le vin s’est fait naturellement sans intervention du vigneron — ce qui est parfaitement impossible sauf pour faire du vinaigre —. Pour obtenir du vin, le vigneron peut compter sur l’action de deux types de levure. Les levures indigènes sont les levures présentes naturellement sur la peau du raisin ou le chai, le terroir et qui créent la typicité du vin. Le vigneron peut aussi décider d’utiliser des levures sélectionnées. Ce sont des levures commerciales que le vigneron peut utiliser dans différents stades de la vinification pour diriger son vin vers ce qu’il recherche.
Les différents Labels
La certification :
L’organisme de certification a pour objectif de contrôler les exploitations viticoles au nom des pouvoirs publics pour vérifier le respect de l’ensemble des règles françaises et européennes pour produire un vin bio. Le nom de l’organisme ayant délivré le certificat figure sur l’étiquette accompagnée de la mention « issu de l’agriculture biologique ».
L’organisme le plus connu est ECOCERT, mais il en existe un grand nombre — Agrocert ou Qualité-France par exemple —.
Labels :
Le label AB est désormais bien connu des consommateurs. Il a été mis en place en 2005 par le Ministère de l’Agriculture pour promouvoir et défendre l’agriculture biologique. Le nom de l’organisme qui a vérifié l’application des règles, ainsi que la mention « Vin issu de raisins de l’agriculture biologique » doivent accompagner le label AB. L’agence Bio est en charge de la communication sur ce label.
Les marques collectives :
Les marques collectives sont mises en place par un organisme privé qui rédige un cahier des charges –plus restrictif que les règlements français et européens– et qui contrôle la bonne application de ces règles par des visites sur l’exploitation.
DEMETER : cette agence définit des règles plus strictes que pour les vins bios. C’est une viticulture en biodynamie ainsi qu’une vinification avec moins de soufre. Pour aller plus loin : différences entre Demeter et l’Agriculture Biologique.
Le domaine Klur que j’ai eu la chance de visiter et d’y déguster quelques-uns de leurs vins est certifié Demeter et les vins sont véritablement époustouflants: « Visite découverte autour du vin d’Alsace ».
NATURE et PROGRÈS : cette fédération de consommateurs et de professionnels prône une viticulture biologique et donnent des recommandations pour la vinification.
BIODYVIN : ce syndicat international des vignerons en culture biodynamique a choisi de contrôler les vignerons par un organisme indépendant: Ecocert.
Il en existe encore beaucoup d’autres comme Terra Vitis ou Fnivab, mais je ne vais peut-être pas tous les donner.
Il existe 4 grandes catégories d’exploitations viticoles :
L’agriculture conventionnelle : L’agriculture conventionnelle est l’agriculture la plus répandue en France. Les vignes sont traitées chimiquement et le sol désherbé
L’agriculture raisonnée : L’agriculture raisonnée s’est développée au début des années 90 et a obtenu une reconnaissance officielle qu’en 2002. Le vigneron sait qu’il doit respecter l’environnement. C’est dans ce sens qu’il signe une charte raisonnée. Il s’engage à respecter ces consignes de façon volontaire — c’est-à-dire qu’il n’y a pas de contrôle —. Les vignes sont traitées uniquement si cela est nécessaire et avec les produits les moins nocifs possible. Le sol peut être désherbé par le vigneron. Label préconisé : Terra Vitis
L’agriculture biologique : Ici, nous montons d’un cran. L’agrobiologie prône le rejet des produits chimiques, pesticides, fongicides et autres fertilisants. La certification repose sur un contrôle régulier par des organismes accrédités. Trois ans sont nécessaires pour convertir son exploitation à l’agrobiologie. Ce n’est donc qu’à partir de la quatrième année que le vigneron pourra indiquer que son vin provient d’une agriculture biologique. Ce type d’agriculture est une véritable volonté du vigneron parce qu’elle demande plus de temps, plus de moyens financiers, plus de main d’œuvre. Les vignes peuvent être traitées uniquement avec des produits d’origine naturelle qui vont simplement soutenir la vigne dans sa défense. Label préconisé : Ecocert
La biodynamie : La biodynamie est un niveau plus poussé que l’agriculture biologique. Elle fut développée par Rudolph Steiner dans les années 20. Il travailla sur la notion d’anthroposophie. Cela signifie que la terre est un ensemble vivant. Le viticulteur doit donc favoriser la vie des sols pour obtenir de meilleurs raisins et donc de meilleurs vins. Plutôt que de traiter la maladie, il cherche à corriger le déséquilibre qui en est l’origine. La biodynamie viticole a été largement défendue en France par Nicolas Joly et son domaine La Coulée de Serrant dans les années 80. La biodynamie est un type de viticulture encore très peu présent, mais les vins qui en sont issus sont bien souvent de meilleure qualité. Label préconisé : Demeter
Le vin sans soufre — ajouté —
Pendant la vinification, le soufre est ajouté pour ses bienfaits antiseptiques et antioxydants qui stabilisent le vin. Mais comme toute chose, le soufre a un revers de médaille. Il n’est pas super bon pour l’organisme et a tendance à durcir le vin lorsqu’il est utilisé à forte dose. Pour cette raison, les vignerons ont de plus en plus l’habitude d’utiliser la dose minimale de soufre pour profiter des propriétés positives sans trop avoir le revers de la médaille.
Quelques vignerons ont même décidé de ne plus utiliser de soufre pendant la vinification. Mais c’est un véritable pari à risque pour le vigneron. Les conditions de vinification et de conservation doivent être absolument irréprochables, car le moindre faux pas est fatal. Très peu de cavistes et encore moins de particuliers ne peuvent obtenir les conditions de stockage et de conservation nécessaires pour ce type de vin : une température stable toujours en dessous de 14 °C.
Bien que ces vins soient délicieux et un véritable caractère, certains peuvent avoir des défauts ou une évolution rapide avec une oxydation prématurée. Les défenseurs des vins sans soufre mettent en avant que le vin est un produit vivant. Ces évolutions sont naturelles et nous devons faire avec. Le vin rouge est naturellement mieux protégé que les vins blancs par la présence des tanins antioxydants. Les vins blancs virent rapidement vers des couleurs brunes et des arômes de noix — dans le meilleur des cas —, voire des arômes fermentaires ou de pomme blette.
J’ai précisé dans le titre que ces vins étaient sans soufre ajouté, car le raisin contient naturellement du soufre. Il existe deux formes de soufre dans le vin. Le soufre combiné qui est associé avec d’autres éléments du vin comme le sucre, l’alcool ou les levures. Le souffre libre est celui qui ne s’est pas associé et qui est présent dans le vin sous la forme de gaz dissous. C’est d’ailleurs lui qui est responsable des maux de tête quand il est trop présent. Normalement, on devrait retrouver un tiers de soufre libre contre deux tiers de soufre combiné.
Pour se faire une petite idée des quantités de soufre autorisées dans un vin blanc sec, la norme européenne autorise une quantité allant jusqu’à 210 mg par litre tandis que Demeter n’autorise pas un dépassement de 90 mg par Litre. La mention « Contient des sulfites » est obligatoire sur l’étiquette dès lors qu’il y a plus de 10 mg de soufre par litre.
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