Le légendaire animateur de l’émission Apostrophes, réputé pour ses dictées, connu pour être le président du jury Goncourt est aussi reconnu pour être un grand défenseur de la région viticole du Beaujolais. Cet amoureux de ce vin avec qui il a une « relation charnelle » a mis, il y a plusieurs années déjà, sa notoriété pour soutenir cette belle région qui connaît malheureusement une crise durable.

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Bernard Pivot, un enfant du Beaujolais

Selon les mots de Bernard Pivot : « J’ai passé toute ma jeunesse dans le Beaujolais. J’ai fait tous les travaux de la vigne à l’exception de la taille. J’ai labouré, j’ai sulfaté, j’ai vendangé, j’ai soutiré… J’ai une relation charnelle avec le Beaujolais, une relation terrienne. »

Il a cofondé avec le critique Périco Légasse, le Comité de Défense du Beaujolais. Un vin que les Français adorent critiquer alors qu’ils ne le connaissent plus — ceux qui me connaissent savent que je vais me répéter: « Non, le Beaujolais ne se résume pas au Beaujolais Nouveau et oui il y a des vins sympas venant de cette région, ne vous en déplaise » —. Bernard Pivot prête chaque année son nom à l’une des cuvées de la cave coopérative de Quincié-en-Beaujolais où il possède une propriété viticole de Beaujolais-villages.

« Le Beaujolais-villages, est celui que je préfère parce que c’est le plus simple, celui que je bois sans y penser même si je ne pense pas qu’on puisse boire un vin en pensant à autre chose » déclare-t-il lors de la sélection de la cuvée Bernard Pivot 2015. — Il pense beaucoup dans sa phrase — Bernard Pivot s’est aussi illustré en tant qu’auteur du Dictionnaire Amoureux du Vin et scrutin inlassablement les vins du Beaujolais « que l’on peut boire tous les jours », car ce sont des vins « modestes et friands ».

Bien entendu, ce n’est ni un vin de grandes occasions, ni de château, ni de garde — je ne crois pas un mot de ce que je viens d’écrire —, mais une chose est sûr, c’est un vin que l’on boit jeune et que l’on peut savourer avec ses amis et une assiette de cochonnaille… Un vrai vin de copain en somme ! Un vin associé à la jeunesse et la fraîcheur et lié aux jardins, comme celui d’un curé ou d’un ouvrier où l’on retrouve souvent des fruits rouges, des framboises ou encore des cerises. Cette année, nous allons retrouver un beau millésime porté sur les fruits noirs, comme la mûre ou le cassis.

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Il rend ce que le Beaujolais lui a offert

Aujourd’hui âgé de 80 ans, il est né dans la magnifique ville de Lyon et a passé sa jeunesse dans le Beaujolais tout proche, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est pendant cette période qu’il découvre et apprend à aimer pour de bon ce terroir et à la « gourmandise du vin ».

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Il raconte régulièrement comment un caquillon a pu l’aider à commencer sa carrière de journaliste littéraire. Vous ne savez pas ce qu’est un caquillon ? Vous devriez vraiment rendre visite au Beaujolais rapidement… C’est le nom que l’on donne à un petit tonneau de 10 à 20 litres.

« J’ai été engagé au Figaro Littéraire grâce au miracle du Beaujolais. Maurice Noël, rédacteur en chef et ami de Paul Claudel, m’avait bombardé de questions sur mes lectures et j’étais incapable de répondre […] je ne faisais pas l’affaire. Il m’a demandé d’où je venais, je lui ai dit que j’étais de Lyon et il m’a raconté ses souvenirs sur le Figaro qui s’était replié à Lyon en zone libre […] les bouchons lyonnais, les cochonnailles arrosées de délicieux beaujolais. […] Je lui ai dit que ma mère avait une propriété dans le Beaujolais et alors d’un coup j’ai vu son visage s’éclairer. Il m’a demandé s’il pouvait avoir un caquillon contre un chèque. Je lui ai dit qu’il n’y avait rien de plus facile. Qu’il l’aurait dans 10 jours ! Et il m’a pris à l’essai pour trois mois. S’il n’y a pas de Beaujolais, je ne suis pas pris. »

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Alors que le vignoble Beaujolais est régulièrement secoué par des crises comme celle de l’automne sur les prix du négoce, Bernard Pivot est un ambassadeur conquis et convaincant. Il recherche régulièrement à casser son image franchouillarde qui lui colle à la peau sans pour autant lui donner une image trop élitiste.

« C’est ma manière d’aider le Beaujolais… Et il a besoin d’être aidé, car l’économie même du vin du Beaujolais n’est pas florissante […] Tout ce qu’on fait pour que son image soit restaurée est positif. » Bernard Pivot

Jean-Nicolas Mouretin
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